Brève

Comment le blogueur Quatremer a fait sourire Lagarde

Sébastien Rochat

29 septembre 2010 Maj: 29 septembre 2010

Quelle histoire ! Sur son blog, le correspondant de Libération à Bruxelles, Jean Quatremer, a d'abord raconté avec une pointe d'humour comment il s'était fait "jeter par Christine Lagarde" après plusieurs demandes d'interview. Le lendemain de la publication de ce récit poignant, coup de théâtre : le malheureux éconduit reçoit un texto de la ministre indiquant qu'elle avait lu son blog "avec un grand sourire" et que vu sa "détermination" et son "humour", elle le trouvait suffisamment "sympathique" pour accepter l'interview. Quelle chance ! Retour sur l'histoire de la cyber-rencontre entre "Jean" et "Christine".

Jean Quatremer prépare depuis plusieurs mois un documentaire sur "la crise de la dette souveraine" qui doit être diffusé sur Arte à la fin de l'année. Pour réaliser ce documentaire, le journaliste souhaite interroger les principaux décideurs européens comme Jean-Claude Trichet, le président de la banque centrale européenne ou encore Jean-Claude Junker, le président de l'Eurogroupe. Si ces derniers ont facilement accepté l'interview, les choses sont plus compliquées avec Christine Lagarde. Le journaliste raconte dans le détail comment, pendant trois mois, le cabinet de la ministre va systématiquement rejeter toutes ses demandes d'interview. Officiellement pour des raisons d'agenda. Mais l'explication est peu convaincante (Lagarde a d'ailleurs accordé une interview aux Echos la semaine dernière). Finalement, après un ultime appel du journaliste, le porte-parole de Lagarde vend la mèche à demi-mot : "on attend le remaniement, elle n’a vraiment pas de temps à te consacrer".

Jean et Christine, épisode 1 picto

Pour Quatremer, la raison de ce refus est claire : "la ministre, qui a déjà fait une bourde au printemps dernier en critiquant dans le Financial Times la politique économique allemande alors que Nicolas Sarkozy essayait de convaincre la chancelière d’aider la Grèce, a manifestement peur que je la fasse déraper (je dois avoir une sacrée réputation ;-)) juste avant que le Président ne rebatte les cartes gouvernementales". Et le journaliste de conclure un brin moqueur : "La ministre est o-ccu-pée et elle prend ses rendez-vous plus de trois mois à l’avance. Jean-Marc [le porte-parole de Lagarde], je m’inscris pour le 25 octobre 2011, quelles que soient alors ses fonctions".

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais le lendemain, coup de théâtre, "Jean" reçoit un texto de "Christine". "Bonne joueuse, la ministre des Finances écrit-il dans une deuxième note. Hier matin, j’ai trouvé un message rigolard de Christine Lagarde sur mon GSM. « J’ai lu avec un grand sourire votre blog et je trouve que vous ne manquez ni de détermination, ni d’humour et je trouve cela vraiment sympathique ». Et de m’annoncer qu’elle était prête à m’accorder l’interview pour Arte sur la crise de la dette souveraine que son porte-parole m’avait consciencieusement refusé".

picto Christine et Jean, épisode 2

Lagarde va-t-elle honorer le rendez-vous ? Quatremer osera-t-il rompre ce début d'idylle par des questions gênantes ? La suite au prochain épisode...

En attendant le documentaire d'Arte, vous pouvez toujours revoir notre émission sur la crise européenne avec Frédéric Lordon et Nicolas Cori : "Nationaliser les banques? Bonne idée..."