Dans un billet daté du 31 août, le correspondant du Monde décrit l'arrivée de treize personnes cachant leurs visages face aux caméras et esquivant les questions: "Expulsés ? Non, on est parti de notre propre gré. Discriminés ? Nooon, tout c’est très bien passé. Les autorités françaises ont été impeccables", soutiennent les Roms expulsés de France. Leur attitude agace notamment le tabloïd Trud, pour qui "ils se prennent pour des "stars hollywoodiennes"", arborant de surcroît un "look européen" loin du cliché des "va-nu-pieds montrés à la télé pendant tout l’été". Loin aussi, poursuit-il, des " proxénètes, pick-pockets et autres escrocs pris pour cible par les autorités françaises."

le blog Le Monde d'Alexandre Lévy, Western Balkans

Selon le journaliste, "Seule une femme, se présentant comme Sevdalina, a parlé plus longuement aux journalistes. (...) Un“retour volontaire”qui tombe bien : Sevdalina voulait de toute façon rentrer à la maison pour s’occuper d’un parent malade…" de façon totalement imprévue, cette femme se retrouve au centre d'une "invraisemblable embrouille" sur le parking de l’aéroport. "Là, elle a été accusée par un chauffeur de taxi de lui avoir dérobé son portefeuille. Que contenait ce portefeuille ? 300 euros a expliqué cet homme devant les caméras." Alexandre Lévy rappelle que cette somme " correspond exactement à cette “aide au retour” que la France verserait aux candidats au retour volontaire, (...) dans un pays où elle représente au moins deux retraites mensuelles. " Finalement, le chauffeur revient sur son accusation, et Sevdalina de profiter de ce "quart d'heure de gloire" pour fulminer: “Voilà, c’est ça la Bulgarie!". Elle ajoute même: "C’est pour ça qu’à la première occasion je repartirais en France”.

Selon le ministère des Affaires étrangères bulgare, deux autres groupes d’une dizaine de Roms seront rapatriés. Perplexe face au brouhaha médiatique qui a accompagné les deux premiers retours, le journaliste présage ironiquement qu'ils seront bien accueillis: " À Sofia, on les attend, c’est sûr. "

(par Nicolas de Saint Meleuc)