Textogate : la presse en rattrapage
Brève

Textogate : la presse en rattrapage

Certains matins, on aimerait être une petite souris






, et se glisser dans la tête d'un électeur sarkozyste, lecteur du Figaro (il doit bien en rester quelques-uns). On aimerait être là, tapi quelque part, dans les recoins, à l'instant précis où le cerveau du lecteur-électeur découvre la Une de son quotidien favori. Une photo de la Première dame arborant son sourire le plus délicieux et le plus authentique, assortie de cette citation rassurante : Carla Bruni-Sarkozy : "nous ne sommes victimes d'aucun complot". On aimerait pouvoir décrire exactement les mille influx parcourant les neurones figarosarkozystes, lorsque le cerveau du lecteur électeur, non internaute, ni lecteur du Daily Telegraph, est sommé d'assimiler simultanément les informations suivantes : il y a depuis un mois dans toute la presse étrangère une rumeur Biolay-Bruni-Sarkozy-Jouanno, dont on ne vous a jamais parlé, même si entre nous on ne parle que de ça. Sarkozy a mobilisé la fine fleur des contre-espions technophiles pour enquêter sur les origines de cette rumeur, on ne vous en a pas parlé non plus. Son conseiller et son avocat ont crié au complot, ciblé l'ancienne ministre de la Justice, et insinué qu'elle aurait été confondue par des écoutes téléphoniques. Le patron du contre-espionnage français Squarcini a confirmé l'enquête, mais démenti les écoutes. L'épouse, elle, dément l'enquête, ne croit pas au complot, et reste très amie avec Rachida Dati. Merci de votre attention.


On aimerait, petite souris, voir au ralenti comment ce torrent d'informations proprement inouïes viennent percuter, dans le cerveau de l'électeur sarkozyste, les notions solidement acquises de liberté de la presse, de contre-espionnage, d'intérêt national, de raison d'Etat, et même d'Etat tout court (heureusement, d'ailleurs, Le Figaro, souhaitant ménager ses lecteurs, ne leur a pas délivré toutes ces informations d'un coup, et s'est bien gardé par exemple de mentionner la contradiction Bruni-Squarcini). Comme on n'est pas une petite souris, on se contentera d'attendre les prochains sondages, en se demandant avec intérêt si une cote de popularité peut passer en dessous de zéro.

Mises à part les neurosciences, il semble que le seul outil à même de faire appréhender au citoyen le feuilleton du textogate, comme disent les Guignols, est précisément la dérision. Les services d'espionnage mobilisés pour tracer les textos de Rachida Dati à propos d'une rumeur de machine à café : cette réalité est proprement inexprimable par les journalistes politiques. On ne leur a pas appris à l'école. Depuis le début de l'affaire de la rumeur, ils campent, droits dans leurs bottes, sur leur "on n'en parle pas", comme si le monde n'avait pas changé. Il fallait entendre, sur France Inter ce matin, le pauvre Jean-François Achilli en plein cours de rattrapage sur un feuilleton dont il n'avait pas dit un mot à ses auditeurs auparavant. Patience ! Il leur reste deux ans de chômage technique, à regarder Porte, Guillon et les Guignols faire le boulot à leur place. Ils reprendront ensuite. Peut-être.

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