Brève
Sarkozy / otages : "réhabilitation implicite de la censure"
Stéphane Manier, ancien rédacteur en chef à France 2, auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense nationale revient sur l'enlèvement de deux journalistes de France 3 en Afghanistan.
"Une blague polonaise de l’ère communiste raconte que Brejnev, croisant Napoléon au purgatoire, lui déclare : «Avec une armée comme la vôtre, je n’aurais jamais perdu la bataille de Waterloo.» L’Empereur rétorque : «Avec une presse comme la vôtre, personne ne l’aurait jamais su.» "Que les militaires souhaitent contrôler la presse est conforme à la doctrine appliquée dans les deux guerres du Golfe, en ex-Yougoslavie ou au Rwanda, qui considère l’information (vraie ou manipulée) comme une arme. En associant le mot «inutile» à la démarche de nos confrères, le Président laisse croire que la bonne information a une limite que lui-même est capable de juger au nom des autres. C’est une réhabilitation implicite de la censure. (...) Que 80% des informations diffusées par les internautes soient fausses ou non vérifiées, peu importe. Le Web bénéficie de l’indulgence générale du seul fait qu’il semble libre, impossible à contrôler par une autorité politique et que la jeunesse s’y sent chez elle. Face à cette légèreté du Net, le journaliste a du mal à faire valoir que le respect de sa déontologie professionnelle garantit la qualité de son travail et justifie les risques qu’il doit prendre parfois en allant à la source des événements." Libération mardi 30 mars 2010 |
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