Chut ! Canal+ va en correctionnelle
Brève

Chut ! Canal+ va en correctionnelle

Considérons un pays imaginaire. Un pays développé.

Admettons qu'il y existe une grande chaîne de télévision privée, diffusant un talk show où accourt ventre à terre tout le personnel politique du pays, et une émission de marionnettes, également très regardée, et fort influente. Imaginons maintenant que l'auteur de ces marionnettes soit l'objet d'une tentative de déstabilisation, ourdie par...les services de sécurité de sa propre chaîne. Son téléphone est écouté. On envisage de piéger son scooter avec de la cocaïne, pour le faire "tomber" pour trafic de drogue. On envisage de lui faire donner une sévère bastonnade. Le PDG de la chaîne est (au minimum) au courant de tous ces projets. Après une longue enquête judiciaire, ce PDG est renvoyé en correctionnelle.

Si ce pays (imaginaire) est doté d'une presse libre, on peut facilement supposer que l'affaire fera la "Une" de cette presse, plusieurs jours de suite. Le PDG en question ne pourra plus paraître en public, sans être soumis à une rafale de questions sur son implication dans le complot contre le chansonnier. Que saviez-vous ? Qu'avez-vous ordonné ? Qu'avez-vous empêché ? Des questions normales de journalistes libres. Pas forcément parce que la presse aimerait particulièrement la victime de ces manigances, ni même par vertu, et évidemment en gardant à l'esprit la présomption d'innocence du PDG, mais parce que l'information est simplement...intéressante, en raison de la notoriété et du pouvoir de ses protagonistes.

Vous me voyez venir. Ce pays, c'est la France. La France, où le parquet de Paris vient de requérir le renvoi en correctionnelle de M. Bertrand Méheut, PDG de Canal+, à qui sont reprochés tous les faits énoncés ci-dessus, à l'égard de l'ancien auteur des Guignols Bruno Gaccio. Il existe en France de nombreux journaux. Il existe aussi de nombreuses émissions consacrées aux médias. Elles traitent en toute liberté de toutes sortes d'informations. On y évoque en toute liberté les affaires Zemmour, Guillon, et autres. Mais cette information, l'avez-vous lue ? L'avez-vous entendue ? Une dépêche AFP, un petit article du Monde, quelques brèves ici et là. Et c'est tout.

Parfois, affleure une explication à cet inexplicable silence. Par exemple, un grand hebdomadaire, le Nouvel Obs, est dirigé par M. Denis Olivennes, ancien président de Canal+, à l'époque où y sévissaient les écouteurs de paroliers, et les piégeurs de scooter. On comprend qu'il ne pousse pas ses troupes à l'investigation. Mais ailleurs ? C'est un des nombreux mystères de la presse libre.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.