Plenel/Robert : après le procès Clearstream, la guerre continue
Brève

Plenel/Robert : après le procès Clearstream, la guerre continue

Ultime épisode de la guérilla qui oppose les journalistes Denis Robert et Edwy Plenel ?

En 2001, le premier a publié un livre censé dévoiler les sombres coulisses de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. Le second, alors directeur de la rédaction du Monde n'avait pas été convaincu, et plusieurs articles de son quotidien avaient attaqué les affirmations de Robert (Acrimed, clairement en faveur de Robert, en a fait un point assez précis).

A l'automne 2009, les deux journalistes se sont ensuite retrouvés acteurs du procès Clearstream, qui portait sur des listings truqués, recensant de façon erronée les personnes censées avoir bénéficié de comptes occultes chez Clearstream pour blanchir de l'argent. Le nom de Plenel figurait dans ces listings, dont Robert avait détenu une copie avant qu'ils soient falsifiés. L'actuel patron de Mediapart s'était porté partie civile dans le procès, alors que l'auteur de livres d'enquêtes sur Clearstream était au rang des accusés. Il a finalement été relaxé fin janvier.

C'est en revenant sur sa relaxe dans Siné Hebdo du 3 février, que Denis Robert a rallumé la mèche. Interrogé sur son soutien par la presse, il explique : "Beaucoup de journalistes de terrain me soutiennent. Depuis deux jours, je n'arrive plus à lire mon courrier tellement il y en a. Même Edwy Plenel est venu me serrer la main. Trois ans plus tôt, il était dans le bureau des juges pour m'accuser d'avoir mis son nom dans les listings. Tout le monde peut changer."

Il s'appuie là sur le compte-rendu de l'audition d'Edwy Plenel par les juges d'instruction en charge de l'affaire, en juin 2006. Compte-rendu révélé par le Nouvel observateur. Plenel y expliquait en détail ses relations avec Robert : "Denis Robert considère que par mon intermédiaire, Le Monde a étouffé l’affaire des affaires, le scandale des scandales." Et il poursuivait, de façon assez ambigüe : "Je ne sais pas qui a mis mon nom et je n’accuse personne. Je rappelle simplement ce contentieux avec Denis Robert, qui me semble lui aussi être passé du réel à la fiction. A chaque étape du scénario du corbeau, l’enquête initiale sur Clearstream est présente. (...) Quand, le 8 juillet 2004, Le Point accorde crédit, au point de faire sa une, aux dénonciations du corbeau, cette mise en scène est accompagnée d’un article de Denis Robert, qui affirme : «Même si la méthode, un corbeau dans la finance, est limite, je crois qu’il n’y en avait pas d’autres pour qu’éclate enfin ce qui, à mes yeux, est la plus grande arnaque financière jamais racontée.»" Rien n'est dit, mais entre les lignes, il semble que plenel n'exclue pas la responsabilité de Robert dans l'apparition de son nom sur les listings. C'est du moins le sentiment du Nouvel observateur à l'époque, si l'on en croit l'article qui introduit le compte-rendu de l'audition.


Le passage de l'interview de Denis Robert à Siné Hebdo a été repris par un blogueur sur le site de Mediapart, fondé par Edwy Plenel. Mais, signale aujourd'hui Robert sur le site BellaCiao, ce billet a disparu : "Plusieurs personnes, dont certains abonnés à Mediapart, m’ont alerté et ont voulu réagir. En vain. Plus de lien, plus de possibilité d’éclairer les abonnés du site." Et il attaque à nouveau : "Je voudrais dire ici que je crois très sincèrement que dans les raisons qui ont poussé les juges d’Huy et Pons à me mettre en examen, le témoignage d’Edwy Plenel a pesé."

Pour l'heure, pas de réponse de Plenel. Le billet de blog, qui était disponible à cette adresse a effectivement été retiré par son auteur, un certain "Boddisatva", qui a d'ailleurs fermé son blog, "pour cause de censure intempestive", assure-t-il. Mais la réponse du fondateur de Mediapart est, elle, toujours disponible :


"Comme souvent notre ami Boddisatva, ex-Beber999, déjà vieil habitué du Club de Mediapart, s'empresse de relayer ce qui pourrait semer la discorde et ou le discrédit. Le Net ayant une longue mémoire, je ne voudrais pas qu'une contre-vérité reste ici comme s'il s'agissait d'une vérité établie. Je précise donc à l'intention des lecteurs de bonne foi que ce propos de Denis Robert, à l'exception du fait que je lui ai serré la main comme je l'avais déjà fait à quelques reprises durant les audiences, est un pur fantasme de notre confrère qui parfois raisonne en romancier plutôt qu'en enquêteur.

Je n'ai évidemment jamais accusé Denis Robert d'avoir mis mon nom sur les faux listings de Clearstream. Ni dans mon procès-verbal devant les juges d'instruction, ni lors de ma déposition devant le tribunal. J'ai simplement expliqué, comme toujours, le différend professionnel qui nous a opposé sur la solidité informative de la première affaire Clearstream. En revanche, chacun sait qu'en tant que partie civile, j'ai, dès le premier jour, été solidaire de Denis Robert, estimant qu'il ne devait pas être condamné: il n'avait fait que son travail de journaliste, même si j'estime, professionnellement, que ce ne fut pas du très bon travail."

Cette réponse n'a manifestement pas convaincu Denis Robert, qui tacle sur BellaCiao : "Après ne pas m’avoir dénoncé aux juges, le brave Eddy est rentré chez lui avec sûrement le sentiment du devoir accompli. Il a ainsi pu continuer son numéro de champion du journalisme sur les plateaux de Canal, au Parti Socialiste, à Marianne, dans les jupons de Dominique de Villepin. Et sur le site de Mediapart où chaque fois qu’il le peut, il nous donne une leçon de courage et de déontologie. C’est évidemment moi qui fantasme et lui qui sait ce qui est juste et bon."

Mise à jour - 19 février : La rédaction de Mediapart précise que le blogueur Boddisatva n'a pas effacé son billet à la demande de Mediapart : "Il efface tous ses billets, quel qu'en soit le sujet." Et la "censure" dont il se plaint "n'a rien à voir du tout avec l'affaire Cleastream".

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