Le "climate-gate", dans la presse internationale
Brève

Le "climate-gate", dans la presse internationale

Un hacker s'est introduit dans les ordinateurs de la Climate Research Unit (CRU) à l'université britannique d'East Anglia à Norwich, et a publié sur Internet une sélection de 1073 mails, extraits de 13 ans d'échanges emails entre quelques scientifiques qui travaillent sur le climat. Ces mails ont immédiatement été utilisés par les "climato-sceptiques", pour tenter de discréditer la thèse du réchauffement du climat. L'affaire a été plus médiatisée dans la presse anglo-saxonne que dans la presse française. Première sélection de quelques articles.



Le New York Times aborde de manière factuelle le sujet le 20 novembre. en constatant que l'affaire "alimente la polémique sur le réchauffement climatique" et en soulignant que les scientifiques britanniques concernés "semblent se sentir assiégés par le camp des sceptiques". Selon le NYT, le consensus sur le réchauffement climatique ne sera pas remis en cause par la publication de ces emails. Puis le journal donne la parole aux critiques sur la forme du travail scientifique actuel, le 28 novembre sous le titre "Les e-mails piratés provoquent des appels au changement dans la recherche sur le climat"

"Tout le concept du «Nous sommes des experts, faites-nous confiance» s'est clairement effondré avec ces e-mails" dit Judith Curry, une chercheuse spécialisée dans le climat au Georgia Institute of Technology"

Le New York Times ajoute que les uns y voient, au dela de la volonté de cacher certains e-mails, la preuve d'une conspiration pour étouffer toute idée dissidente, et parlent de Climategate. Tandis que les autres constatent que certains tentent de faire dire à ces emails ce qu'ils ne disent pas.

L'article se conclut en remarquant que les spécialistes estiment que ces e-mails montrent surtout que les scientifiques qui travaillent sur le climat doivent être plus tolérants face aux critiques.

New York Times 28 novembre 2009 picto

"Climategate : un réseau de fausse science dévoilé" titre le Washington Times (USA) du 30 novembre qui publie un éditorial très sévère : "Le contenu de ces e-mails pose de très sérieuses questions qui pourraient mettre fin aux carrières académiques de plusieurs éminents professeurs. Des scientifiques qui ont volontairement caché des données, détruit des informations et modfié des résultats, en travestissant la réalité scientifique."

Le deuxième article de la page est tout aussi dur : "Les révélations du climate-gate montrent une tentative jamais vue coordonnée par des scientifiques de manipuler la recherche à des fins politiques. Toute personne qui' s'intéresse à la science ne peut qu'être choquée par la manipulation des résultats “pour cacher la baisse [de la température]”, la destruction d'e-mails qui pourraient servir à ceux que le réchauffement climatique laisse sceptiques. Il ne s'agit pas de de mauvaise pratique scientifique. En Grande-Bretagne, la destruction d'e-mails pour empêcher leur publication dans le cadre d'un Freedom of Information Act est un crime."

La presse européenne continue à évoquer le sujet. Exemple avec Politiken (Danemark) au milieu de la page, ou Kauppalehti (Finlande), en bas de la page de droite.






"Les retombées de ces satanés e-mails à propos du changement climatique et le scandale qu'elles ont provoqué vont peut-être changer l'avenir de la planète"


"Le hacker qui a publié ces e-mails espère sans aucun doute que cela va jouer contre un accord — un refus d'accord qui est largement soutenu par une minorité de durs aux USA, comme Bryan Zumwalt, conseiller du sénateur républicain David Vitter, qui a dit, plus tôt cette semaine, que les e-mails du CRU étaient la preuve de ce qui «pourrait être la plus grande fraude scientifique de l'histoire.»"

"Phil Jones, 57 ans, le directeur du CRU, est l'homme qui s'est retrouvé soudain la cible n°1 des théoriciens conspirationistes du monde entier, [qui pensent qu'il y a un complot pour faire croire au changement de climat]” parce qu'il est l'auteur de l'e-mail le plus désastreux de tous ceux qui ont été révélés par le hacker anonyme. Dans un message de novembre 1999, il écrit : “«J'ai utilisé l'astuce de Mike pour augmenter les températures réelles de chaque série pour les 20 dernières années et depuis 1961 pour cacher leur baisse.


Ottawa Citizen 29 novembre 2009 picto




Le fait que Phil Jones soit impliqué dans cette affaire n'est pas un détail car, il est connu pour ses nombreux travaux sur le climat. Sur sa fiche biographique, il précise qu'il est le co-auteur de quatre livres sur l'évolution du climat. Il est fellow of the Royal Meteorological Society britannique depuis 1992, il a fait partie du comité éditorial de l'International Journal of Climatology jusqu'en 1995. Il a été élu à l'Academia Europaea depuis 1998 et il est membre de l'American Meteorological Society depuis 2001.


Est-ce la réputation de Jones qui a amené Paul Hudson, le spécialiste météo de la BBC, à ne pas publier aucune information sur cette affaire, lorqu'il a reçu une copie de ces fameux e-mails il y a un mois ? s'interroge l'édition dominicale du Daily Mail.

Sunday Mail dimanche 29 novembre 2009 picto



"Un scandale climatique ou juste un coup d'air chaud ?"

Le New Zealand Herald remarque: "Dans l'un des e-mails volés, le Dr Jones semble suggérer que lui et ses collègues détruisent leurs e-mails pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains de ceux qui nient le changement climatique"

"Dans un autre, il évoque le blocage de la publication d'un article mettant en cause le réchauffement climatique dans une revue scientifique."

"Les experts climatologues de plusieurs pays tentent de limiter les dégats, en soulignant que si les e-mails en questions sont embarrassants pour trois ou quatre scientifiques, ils ne remettent absolument pas en question la réalité de l'impact humain sur le réchauffement climatique signalée par des centaines de scientifiques de haut niveau depuis des années."

picto New Zealand Herald samedi 28 novembre




Le Daily Telegraph constate que même "le conseiller d'Obama pour le climat, Carol Browner a été obligé de prendre position publiquement à propos de ces e-mails, en insistant sur le fait que les données scientifiques sur le réchauffement climtatique restent inchangées." Mais le journal ajoute que "Bob Ward, un expert britannique, pense que les leaders mondiaux ne feront pas attention au scandale entourant le CU et ses emails, pour lui c'est la politique qui décidera à Copenhague, pas la science."


Daily Telegraph samedi 28 novembre 2009 picto

Et si vous aviez échappé au "Climate-gate" jusqu'à maintenant, lisez donc la chronique de Daniel Schneidermann et regardez notre émission : quand la guerre du climat franchit la ligne j@une.

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