Comment traduire Sarkozy en espagnol ?
Brève

Comment traduire Sarkozy en espagnol ?


La presse espagnole s'émeut, nous apprennent les revues de presse du matin. Alerte ! Sarkozy aurait déclaré que Zapatero n'est "peut-être pas très intelligent". Juré, craché : la citation figurerait dans un article de Libération. L'Elysée démentirait. On se précipite donc sur les pièces du dossier, tout prêt à croire que la presse française, comme d'habitude, a sorti des phrases de leur contexte, et fait du sensationnel.

De la difficulté de rapporter à l'écrit une conversation de table. Que dit l'article de Libération du 16 avril ? Titré "Sarkozy se voit en maître du monde", il raconte un repas entre le susdit et une vingtaine de parlementaires, de gauche et de droite. Au dessert, Sarkozy se vante d'avoir été cité en exemple par le gouvernement espagnol, qui vient de supprimer la publicité sur les chaînes publiques. A partir d'ici, je cite Libé. "On peut dire beaucoup de choses sur Zapatero" remarque Emmanuelli. "Il n'est peut-être pas très intelligent. Moi, j'en connais qui étaient très intelligents et qui n'ont pas été au second tour de la présidentielle", s'amuse Sarkozy en allusion à Lionel Jospin." Fin de la citation. Libé ne valorise pas particulièrement cette citation (ni les autres, aussi libres, concernant Merkel, Obama, ou Barroso), ni dans les titres, ni dans les intertitres.

Il y a deux manières, de lire cette phrase sur Zapatero. Le lecteur habitué au style oral de Sarkozy (par exemple, le lecteur français familier du site d'@rrêt sur images) y lira, sous la concession ironique à Emmanuelli, un éloge de Zapatero, d'autant plus cohérent avec le contexte que Sarkozy l'oppose à Jospin. Un lecteur moins habitué à la musique des phrases sarkozyennes, ou ayant très envie de chatouiller Zapatero (par exemple le correspondant d'un journal de droite espagnol) pourra au contraire y lire une vacherie. Fallait-il reproduire ces phrases de Sarkozy, de la même manière qu'il faut laisser intactes, dans les retranscriptions, ses barbarismes et ses fautes de grammaire ? C'était notre débat du mois dernier, sur le "parler mal" présidentiel. Certains, comme notre confrère de Libé Jean Quatremer, ou le député blogueur François de Rugy, convive dudit déjeuner, pensent que non : on risquerait de tarir l'abondante source. Personnellement, je pense que oui. Je ne vois pas au nom de quoi cacher au lecteur le vrai Sarkozy. Au risque de voir le présidentiel locuteur se surveiller davantage, et fournir moins de copie à la presse ? Courons ce terrible risque. Dans cette improbable hypothèse, au moins pourrait-elle parfois parler d'autre chose.

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