La panique et les grilles
Brève

La panique et les grilles

Tenez-vous le pour dit, il y a deux capitalismes, le gentil et le méchant.

Le gentil, celui des vaillants entrepreneurs qui construisent des routes droites et saines, des trains qui arrivent à l'heure, et de beaux immeubles scintillants à bilan énergétique positif. Et le méchant, celui des infâmes spéculateurs, à qui l'on va couper les lanières du parachute. Le nouveau chroniqueur politique de France Inter Thomas Legrand, ce matin, taillait en pièces cette distinction illusoire, avec une réjouissante férocité. Et dans la foulée, expliquait pourquoi les gouvernants s'accrochent avec un tel acharnement au regretté fantôme de la croissance. Pourquoi ? Parce qu'elle est bien pratique, la "croissance", depuis des décennies, pour faire attendre aux pauvres une Justice qui ne vient jamais. C'est bien simple, on croyait entendre Judith face à Peyrelevade, dans notre émission de ce week-end. Quelques minutes plus tard, même Besancenot n'a pu que le paraphraser.

Etonnant contraste, soit dit en passant, entre l'immuable grille des radios et des télés, et la panique du capitalisme. Chaque soir, chaque matin, les présentateurs sont à leur poste, les chroniqueurs habituels au rendez-vous, le jité commence à l'heure et se termine par la page culture. Tout continue comme si. Et c'est dans ces grilles, immuables, bien alignées comme un jardin à la française, qu'il faut faire rentrer les nouvelles quotidiennes de la panique.

La panique ? Elle suinte de partout. A peine rentrée du "mini-sommet" de l'Elysée, dont tous vos chers medias vous ont expliqué quel succès de la Franceurope il a été, Merkel décide que l'Etat allemand offrira sa garantie illimitée à tous les déposants de toutes les banques allemandes. Quelques heures plus tôt, elle taillait en pièces l'Irlande, qui avait annoncé la même chose. Il est vrai que le gouvernement allemand ne précise pas pour l'instant s'il s'agit d'un "engagement verbal", ou s'il se traduira par une loi. La panique ? Ces savantes valses sémantiques autour du pacte de stabilité. Un jour on le révère, le lendemain on le congèle. Chaque jour, le sacrilège Guaino passe de la porte à l'augmentation, et retour. La panique ? Tous ces milliards, jetés nuit après nuit par les gouvernements européens et étazunien, dans le puits sans fonds des faillites bancaires. Tous ces milliards, d'ailleurs, que l'on refuse à la faim dans le monde, et dont on refusait des miettes, jusqu'à dimanche, aux malheureuses familles des disparues de l'Yonne (avant de changer d'avis dans la panique) d'où, de quelles caisses, sortent-ils physiquement ? On attend avec impatience le reportage qui le montrera.

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