A une voix près
Brève

A une voix près

A une voix près !

A l'instant où nous apprenions les résultats du vote du Congrès, alors que tous les titres le serinaient, sans doute étions-nous nombreux à réagir de la même manière : pauvre Lang ! Ces quatre mots le précipitaient en enfer. Une voix près, ce ne peut être que la sienne. Et l'ancien ministre, de qui les socialistes se détournaient déjà hier soir avec dégoût et embarras, vient sans doute de couronner sa carrière en s'assurant la place peu enviable dans la postérité du traitre légendaire, qui aura permis la victoire de l'adversaire.

Ce qui est sans doute injuste. Cette voix près (d'ailleurs, selon le mode de calcul, il serait tout aussi juste de parler de deux voix de majorité), c'est aussi celle d'Accoyer qui, contre l'usage, a pris part au vote. Et c'est celle de n'importe lequel des radicaux de gauche, ou de n'importe quelle autre cible des sollicitations, des pressions, des cajoleries et des menaces. Mais peu importe. Sarkozy a joué, et il a gagné.

Le vote du Congrès, à une voix près, vient évidemment rappeler le précédent de l'amendement Wallon (notre magnifique illustration), par lequel se fonde la République en France en 1875. Copé l'a d'ailleurs rappelé en sortant de la séance, ce qui fut l'occasion d'une utile révision. Fascinante histoire des origines de la III ème République, trou noir de l'Histoire, si méconnue aujourd'hui. Il faudrait ré-enseigner les années 1870-1875, qui nous rappellent que cette République fut tout, sauf inéluctable. Tout au long de ces cinq ans, Républicains, monarchistes et bonapartistes louvoient, s'observent, s'allient, se trahissent, jouent la montre, s'ingénient à ne fermer aucune porte en échafaudant de savantes solutions provisoires, guettent l'usure ou l'erreur de l'adversaire. Années grises, vues de loin, années sans barricades, une fois écrasée la Commune, mais vues de plus près années passionnantes, tout en manoeuvres, stratégies, et apprentissage de la démocratie. Jusqu'à cette adoption, en douce, à une voix près, qui fonde la République. A une voix près ? Oui, mais cette voix unique, qui a l'apparence de la roulette russe, traduit en réalité le point de bascule du rapport de forces. Car la majorité républicaine ne cessera plus, ensuite, de grossir et de se fortifier. La jolie formule est aussi mystérieuse, aussi vraie, et aussi fausse qu'aujourd'hui.

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