Chine : le scoop de France Inter
C'est à propos de son voyage en Chine. France Inter a invité Jean-Luc Domenach, sinologue patenté, pour "décrypter" ledit voyage. Machinalement, le commentaire politique étant directement indexé sur les sondages, on s'est préparé à entendre pleuvoir les critiques sur la nullité, la mollesse présidentielles. Manifestement, Patrick Cohen aussi. Mais non. La brièveté du voyage (37 heures), moquée depuis la veille sur toutes les ondes par le choeur affligé des sinologues saisonniers ? "Très bien, dit Domenach. Il y consacre le temps qu'il faut y consacrer, pas davantage. Il n'aura pas besoin de faire antichambre". D'ailleurs "ce voyage a été le mieux préparé de tous les voyages présidentiels" dont Domenach a connu les coulisses. Et de raconter comment il se fit un jour sortir du bureau de Sarkozy, parce qu'il avait osé dire que toute approche de la Chine devrait être effectuée sur un plan européen, plutôt que national (écoutez ici Domenach sur notre plateau).
A chaque voyage présidentiel en Chine, le choeur des sinologues saisonniers redécouvre les mêmes équations complexes. Pour mesurer le rapport efficacité / courage politique du voyage, prenez la longueur du tapis rouge. Multipliez par le nombre d'allusions au Tibet. Soustrayez les prix Nobel emprisonnés. Divisez le tout par la durée de la promenade sur la muraille de Chine, elle-même multipliée par la taille de la délégation française (Raffarin compte pour trois). Et vous obtiendrez le nombre de contrats signés.
Et le business ? demande donc logiquement Cohen à son expert. Est-ce que ce voyage va aider les entreprises françaises à signer des contrats ? Domenach se permet un souvenir. Un jour, au sortir d'une réunion entre des industriels français et leurs potentiels clients chinois, il se retrouve dans un café à côté desdits industriels. Et il les entend débriefer la réunion. "Ils nous ont demandé des tuyaux de 15, se plaignent les Français. On n'en a pas. Tant pis, on va leur fourguer du 17". "Les Français, c'est ça", conclut Domenach. Mais alors, insiste Cohen, Hollande, les contrats, les droits de l'homme, tout ça ? Et Domenach de délivrer un scoop. Si les Français arriveront à vendre à la Chine, "dépendra de ce qu'on leur vendra, et à quel prix on leur vendra". Cohen, stupéfait: "vous voulez dire que la qualité des échanges dépend du dynamisme des entrepreneurs, et pas de la politique ?" Il fallait bien un sinologue pour révéler ce secret d'Etat.
"Il n'y a pas à dire, les Chinois ont un certain savoir-faire pour impressionner leurs hôtes" Photo tweetée et légendée par l'envoyé spécial du Monde Thomas Wieder.
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