Iran : la femme-icône ne serait pas directement liée au mouvement
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Iran : la femme-icône ne serait pas directement liée au mouvement

La photo a été prise la veille

A chaque soulèvement populaire, sa photo iconique. Mais celle choisie par Internet pour représenter les manifestations qui se déroulent en Iran depuis le 28 décembre 2017, a en fait été prise la veille de celles-ci.

Elle plaisait pourtant tant à certains. Depuis que des citoyens iraniens sont descendus dans les rues, le 28 décembre à Machhad (et, depuis, dans d'autres villes, dont le 30 à Téhéran), pour protester à grands cris contre l'actuel gouvernement du président Hassan Rohani, une photo a tourné sur les réseaux sociaux, et a rapidement été érigée en symbole. On y voit une jeune femme, debout dans une rue animée, tête nue, brandir son voile blanc au bout d'un baton.

Elle a d'autant plus été partagée qu'elle a inspiré un dessin.

Mais comme l'explique Le Monde, cette photographie n'est pas vraiment liée aux mouvements de protestation actuels. Elle n'a pas été prise pendant les manifestations, mais avant. Le quotidien en a retracé l'origine : postée pour la première fois par la journaliste iranienne installée aux Etats-Unis Masih Alinejad, le 28 décembre, elle n'a été prise que la veille, non pas au milieu d'un cortège, mais dans une simple rue animée de la capitale. Elle représente en fait une action d'un groupe militant lancé par la même Alinejad sur les réseaux sociaux, le mouvement "Mercredi Blanc" qui entend protester contre les obligations vestimentaires imposées aux femmes en Iran. Pas de rapport direct, donc, avec les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir.

Certains en seront déçus : notamment une partie de l'extrême-droite américaine, dont le site Breitbart, qui s'était empressée de partager la photographie, associée à certains slogans entendus pendant les manifestations "A mort Rohani!".

Capture d'écran du site Breitbart

Mais aussi certains internautes français, comme Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, postant la photographie accompagnée d'un "#Balancetonvoile". Ou encore la militante féministe des Femen Inna Shevchenko.

Comme la journaliste du Monde sur place Ghazal Golshiri le formule sans ambages, "arrêtez de prendre vos fantasmes pour des réalités" : selon les premiers éléments, notamment de l'AFP, les Iraniens seraient descendus dans la rue pour des raisons économiques, à savoir l'austérité. L'Agence tempère néanmoins : "En dépit des causes économiques évidentes, des griefs portant sur les restrictions concernant les libertés civiles sont toujours d'actualité." Les vidéos qui sont actuellement visibles sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, laissent en tout cas penser que le mouvement pourrait s'organiser plutôt autour de revendications économiques que civiques.

Sur Al Jazeera et Al Arabiya, des traitements différenciés

Côté télévisions arabes, la couverture du mouvement iranien est directement indexée sur les impératifs diplomatiques des Etats propriétaires des chaînes. Al-Jazeera, chaîne qatarie, s'est contentée de quelques articles récapitulatifs des évènements, et d'un ou deux articles d'analyse, rendant essentiellement compte des actions du gouvernement, par exemple en bloquant Telegram et Instagram. Il faut dire que le Qatar est un allié déterminant du gouvernement iranien, notamment face à l'Arabie Saoudite. A l'inverse, Al-Arabiya, la chaîne saoudienne, a multiplié les "live" sur Twitter, au coeur des manifestations, en soulignant dans ses commentaires les slogans des protestataires contre le gouvernement Rohani.

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