"1 milliard d'euros" d'affaires perdues à l'école ?
"plus de 924 tonnes" d'affaires à l'école chaque année, ce qui représenterait "plus d'un milliard d'euros" de perte pour les familles ! Ces chiffres se sont multipliés hier, du Parisien aux sites du Figaro, d'Europe 1, de RTL ou de Elle. De nos plongées récentes dans diverses études du Crédoc, nous avons retenu un réflexe simple : toujours s'interroger sur qui diffuse des données censées frapper l'opinion. En l'occurrence, l'organisme qui s'est chargé de recenser les "tonnes d'objets et de vêtements" perdues dans les écoles françaises est l'observatoire Scoléo. Quésaco ? Une petite structure d'étude montée par Scoléo, qui se présente comme "une entreprise spécialisée dans des dispositifs d’aide aux parents", selon Le Parisien ou Le Figaro. Pas très explicite, mais les journalistes détaillent : Scoléo commercialise des offres d’achat mutualisé de fournitures scolaires, mais vend aussi… des étiquettes ! Certes, cette offre est habillée d'un joli nom : le dispositif "Ras-le-bol des affaires perdues par nos enfants", qui "propose aux parents de marquer tous les vêtements avec des étiquettes personnalisées indiquant le nom de famille et un numéro de téléphone". Pour la somme de 14,95 euros (pour 120 et 180 étiquettes, selon la qualité). Le Parisien détaille comment Scoléo a fait son calcul. Sans grande surprise, la méthode est un brin approximative : 548 associations de parents d'élèves clientes de l'entreprise ont fait remonter des infos. Voilà une somme de données respectable. |
Mais il a ensuite été établi arbitrairement une moyenne de la valeur des affaires égarées par famille. Comme les élèves déclaraient entre 51 et 97 euros de pertes, Scoléo a coupé la poire en deux, et décidé que chaque élève français perdait "en moyenne" pour 74 euros d'objets ou vêtements. Ce chiffre a ensuite été multiplié par… les 15 millions d'élèves, mais aussi d'étudiants, français. Un détail que n'ont sans doute pas relevé les médias qui ont raconté en détail que les maternelles perdaient souvent un pull ou une casquette. L'étudiant en sciences éco sera ravi d'apprendre qu'il devrait demander à sa baby-sitter de bien vérifier s'il a rapporté son k-way à la maison à l'heure du goûter.
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