Eva Joly : une candidature "Opinionway" ? (Politis)
Brève

Eva Joly : une candidature "Opinionway" ? (Politis)

Après l'unanimité, les fausses notes. Selon la plupart des journalistes présents, l'université d'été d'Europe Ecologie s'est terminée sur un soutien quasi-unanime des militants à la candidature d'Eva Joly en 2012. Faux ! rétorquent quelques hétérodoxes. Joly a dû s'excuser d'une pique contre la presse, rapporte Lemonde.fr et elle ne ferait pas l'unanimité des militants pour Claude-Marie Vadrot (Politis.fr), spécialiste historique des écolos, qui avance pour l'occasion deux angles d'attaque que ses adversaires de droite ne manqueront pas de ressortir.


Selon Lemonde.fr, Eva Joly a un "style décalé" et ne maîtrise pas sa communication, au point de s'être excusée auprès des journalistes après avoir ironisé sur leur manque d'imagination à la tribune. L'anecdote figure au début d'un article recensant les limites de la candidate : "Avant que j'arrive ici, devant vous, un journaliste m'a demandé: 'N'avez-vous pas peur de vous faire huer ?'" En livrant cette "confidence", dans son discours de clôture des Journées d'été des écologistes, samedi, Eva Joly a obtenu l'effet escompté : se mettre les militants dans la poche en raillant les journalistes. "Ils sont dénués d'imagination...", a-t-elle insisté. Habile, politiquement. Pourtant, dans la foulée, Eva Joly a fait réunir des journalistes présents au rassemblement des écologistes... pour s'excuser. Certains représentants de la presse avaient dénoncé le manque d'élégance de cette sortie, de la part d'une femme politique qui a trusté les couvertures de magazine et qui venait de longuement poser aux côtés de Cécile Duflot – regards gourmands – devant les objectifs des photographes" explique Lemonde.fr qui a également rencontré des militants qui ne l'apprécient pas. Certains redoutent que sa candidature soit "trop médiatique", "pas assez écolo" et "pas assez franco-française".

Sur son blog, Claude-Marie Vadrot, journaliste à Politis et spécialiste de l'écologie depuis de longues décennies, va plus loin. Présent à Nantes, il assure que la candidature de Joly "hérisse la base". Il accuse même le sondeur OpinionWay et son vice-président Denis Pingaud d'avoir monté cette candidature de toutes pièces :

"Dans le journal Libération daté du mercredi 18 août, celui qui a déjà contribué notamment à « inventer » Olivier Besancenot et à organiser la candidature de José Bové, a lancé sa nouvelle candidate qui sera ou serait peu à peu imposée comme une « évidence » par une campagne de communication qui ne fait que commencer et qui a été préparée au début de l’été sur l’île de Groix où Eva Joly et Denis Pingaud ont une résidence secondaire. D’ailleurs, Denis Pingaud est présent à Nantes où il a présenté jeudi les résultats d’un sondage qui conforte ses raisons avancées de pousser la candidature de l’ancienne magistrate. Ce qui signifie qu’Eva Joly n’est pas ou ne serait pas poussée en avant par un nouveau parti en voie de formation mais par une agence de relations publiques".

A ces critiques, poursuit Vadrot, s'ajoute le fait qu'elle "a conseillé un président malgache dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’était pas un parfait démocrate". Le journaliste fait référence (sans le préciser) aux activités de conseil exercées par Joly pour le compte de l'agence norvégienne de développement et de coopération (Norad) au milieu des années 2000. Dans ce cadre, elle avait effectivement conseillé entre 2004 et 2005 le président malgache de l'époque, Marc Ravalomanana, sur sa future réforme de la justice. Joly avait dressé un bilan sans concession du système judiciaire malgache en dénonçant la corruption et les dysfonctionnements multiples. Avec l'aide la ministre de la justice, elle avait préconisé une série de mesures. Elle s'en était expliquée au cours d'une interview au Quotidien de la réunion et de l'océan indien en avril 2006 :

"Nous avons esquissé avec le président Marc Ravalomanana et la ministre de la Justice, en 2004 et 2005, un programme extrêmement large d’amélioration du fonctionnement du système judiciaire. Mais il ne suffit pas d’augmenter les salaires des magistrats ou de construire des tribunaux. Ces réformes sont compliquées à mettre en œuvre. Depuis un an, les choses évoluent. Il existe une conscience politique de la nécessité de rendre la magistrature à la fois plus indépendante et plus efficace".

picto Eva Joly et le président Ravalomanan

Si le journaliste de Politis égratigne Eva Joly sur cette activité de conseil, c'est parce que Ravalomanana, renversé en 2009 sous la pression des militaires, n'est pas un modèle en matière de respect des règles démocratiques. Lors de sa première élection en 2002, le scrutin avait été contesté, il s'était autoproclamé vainqueur. Joly a toujours assumé ses activités de conseil, notamment dans ses écrits, mais nul doute que ses adversaires de droite reprendront ces critiques avancées aujourd'hui... par la gauche.

L'occasion de relire notre observatoire sur le bilan de l'ex-juge Joly

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