Les médias n'ont pas vu les touristes français coincés en Bolivie
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Les médias n'ont pas vu les touristes français coincés en Bolivie

Des touristes français bloqués dans leur hôtel depuis plus d'une semaine par des syndicalistes agités dans un pays exotique.

D’habitude, le scénario est alléchant pour les médias, surtout en période de vacances, où l’identification des lecteurs estivaux avec leurs infortunés collègues marche à plein. Mais lorsque la scène se déroule en Bolivie, pays lointain et mal connu, que le conflit n’implique pas de pays étrangers et qu’il n’y a pas de morts, le sujet passe sous le radar des principaux médias.

Ils sont sans doute une quarantaine, peut-être un peu plus. Une poignée de Français, dont le fils d'une @sinaute, qui nous a alertés, sont bloqués en Bolivie dans la ville minière de Potosi, parmi une centaine de touristes étrangers. Depuis plus d'une semaine, un conflit social dur oppose un "comité civique" de Potosi, qui regroupe des élus locaux , des patrons, et des organisations syndicales, au gouvernement du président Evo Morales.

"Le comité civique de Potosi réclame au pouvoir central toute une série de mesures qu'il considère indispensables au développement de sa région, la plus pauvre du pays, détaille le correspondant en Bolivie du Point sur le site du magazine. Parmi ces demandes, la construction d'une route, d'un aéroport, d'un gazoduc ou encore la réactivation d'une importante mine d'étain. Mais le point le plus sensible est celui d'un conflit de limites entre la région de Potosi et celle d'Oruro. Les deux régions se disputent depuis des années un territoire censé contenir de riches ressources minières." Une situation tendue dans un contexte général de vive opposition entre Morales, élu en 2006 et réélu en 2009, qui incarne volontiers le peuple amérindien, et les gouverneurs des riches provinces, dominées par l'élite traditionnelle, qui contestent son autorité et souhaitent renforcer le fédéralisme dans le pays.

Les manifestants bloquent les routes arrivant et partant de Potosi, dont l'axe reliant la ville à l'Argentine. Dans un premier temps, le président a accusé le maire de Potosi, qui est un de ses opposants (alors que la région est acquise à Morales), de s'activer derrière les manifestants. Mais le conflit est semble-t-il très populaire : dans la nuit de mardi à mercredi, une manifestation a réuni près de 100 000 personnes et a donné lieu à quelques violences. Selon l'AFP, le gouverneur de la province a été pris à partie et le domicile d'un vice-ministre du gouvernement a été attaqué avec une charge explosive. Depuis, le pouvoir cherche le dialogue, en s'appuyant sur le calendrier : ce vendredi, la Bolivie fêtait son 185e anniversaire, et la date symbolique a fourni un prétexte tout trouvé au gouvernement pour appeler à l'apaisement, comme l'explique par exemple le journal bolivien La Razon. Mais les négociations sont au point mort.

Ces événements sont plutôt bien traités par l'AFP, qui a consacré une demi-douzaine de dépêches au conflit. Des dépêches qu'on retrouve au gré des sites internet, surtout au premier jour de publication, le 4 août, le Quai d'Orsay ayant conseillé aux touristes de rester dans leurs chambres. Les sites du Figaro ou de 20 minutes ont repris les informations de l'agence, et le site de France24 a même joint au téléphone un touriste français, mécontent mais absolument pas affolé. Le même jour, France 3 ouvre son 19/20 avec ce thème.

La chaîne a aussi pu parler à des touristes français picto


Mais après ce démarrage relativement important, plus rien. Les informations sur la situation restent marginales, et à notre connaissance, Le Monde, Le Figaro et Libération n'ont pas traité le sujet. Les 20 heures de TF1 et France 2 sont également restés muets. Pour l'heure, pour qui veut s'informer sur la situation dans le pays, mieux vaut savoir lire l'espagnol et se tourner vers les sites des journaux locaux, comme la Razon ou la Prensa (rien d'inhabituel à cela, d'ailleurs). Pourtant, des éléments rocambolesques propres à attirer l'attention ont eu lieu : mercredi plusieurs dizaines de Français ont cru pouvoir quitter Potosi en bus. Mais après avoir passé deux barrages, ils ont dû rebrousser chemin devant un troisième check point et réintégrer leur hôtel.

Pour l'heure, aucun des touristes interrogés par l'AFP, France 3, France24 ou le site du Point ne semble inquiet pour sa sécurité ou son bien-être matériel. S'ils le deviennent, ils trouveront peut-être le chemin des médias majoritaires.

(avec Jean-Yves Alric)

Mise à jour, le 9 août, à 13h34 : France 2 et TF1 ont finalement réalisé chacun un sujet sur le thème, au 20 heures, le samedi 7 août, à partir d'images tournées par des touristes sur place.

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