Rimbaud : photo authentifiée par un spécialiste
Nous avions déjà évoqué ce cliché précédemment, de même que notre chroniqueur Alain Korkos, qui émettait des doutes : était-ce bien Rimbaud ?
La photo «montre l'ancien poète à Aden, assis au sein d'un groupe, sur la véranda de l'Hôtel de l'Univers. Le document, qui figurait parmi une trentaine de clichés d'Aden à la fin du XIXe siècle, provenait des archives de Jules Suel, propriétaire de cet hôtel où Rimbaud résida à diverses reprises ». C’est après avoir sollicité l’aide de ses lecteurs que Jean-Jacques Lefrère est parvenu à éclaircir certains points.
L’homme debout à gauche serait donc l'explorateur Édouard-Henri Lucereau (reconnu par Jacqueline Sibertin-Blanc, une descendante).Cette identification permet de dater plus précisément la photo du mois d’août 1880, l’année où Rimbaud est arrivé à Aden.
Le deuxième homme à gauche serait Maurice Riès (une confirmation est en cours), et l’homme debout à droite pourrait être Édouard-Joseph Bidault de Glatigné, le mari de la femme assise, Augustine-Émilie, à l’époque enceinte de six mois. Lui était un photographe voyageur bien présent dans les écrits de Rimbaud.
L'enquête progresse dans l'identification des personnes présentes sur cette photo, l'une des plus nettes de Rimbaud à ce jour.
L’identité de l’homme barbu de gauche et de celui au centre, surnommé «Pyjama», sont encore inconnues, mais l’enquêteur se permet quelques suppositions. «concernant le premier, dont le maintien ne manque pas de solennité, il serait intéressant de retrouver un portrait d'Albert Delagenière, le gérant de l'agence consulaire française à Aden qui fut en relations avec Lucereau avant son départ pour sa dernière aventure». Enfin, dernière hypothèse avancée, «le cliché pourrait être, à l'origine, un portrait de Dubar, qui apparaîtrait en personnage central, entouré de quelques compatriotes, sur la véranda de l'Hôtel de l'Univers». Cet homme, François-Aimable Dubar, était le beau-frère de Suel, et avait entre autre participé à la guerre de Crimée et commandé la Cinquième Légion du Rhône.
Enfin, l’auteur supposé de cette image serait peut-être Révoil, un explorateur photographe logé par Jules Suel à cette époque, et débarquant avec justement cette technique de photographie au gelatino-bromure d'argent, alors une modernité. Par ailleurs, cette technique expliquerait également le flou des traits des personnages présents.
(Par Sandrine Magne)
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous