Tabagisme passif : intox en tous genres ?
Philippe Even faisait peut-être partie du premier Comité antitabac créé en 1981, il n’en défend pas moins aujourd’hui la nocivité du tabagisme passif. A l’occasion de la journée mondiale sans tabac, Le Parisien lui accordait tout un dossier. Le pneumologue récemment retraité s’y exprime "libéré du droit de réserve" auquel il était, dit-il, tenu en tant que président de l'institut de recherche Necker. Even conteste notamment les études qui relient le tabagisme passif aux maladies cardio-vasculaires |
Dans cette interview, largement reprise, il déclare que «40% des études scientifiques concluent à une absence totale de nocivité du tabagisme passif sur la santé. Les 60% restantes estiment que le risque de cancer est multiplié par 0,02 (NDLR: augmente de 2%) pour la plus optimiste, et par 0,15 (NDLR: augmente de 15%) pour la plus pessimiste… Contre un risque multiplié par 10 ou 20 pour le tabagisme actif ». Even ne cite cependant aucune étude précise.
Ce n’est pas la première fois que la question d’une exagération des conséquences du tabagisme passif est soulevée. En juin 2008, Robert Molimard, président de la Société de Tabacologie, publiait un article dans la Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique sur le sujet. Il y dénonçait le rapport européen «Lifting the SmokeScreen, 10 reasons for smoke free Europe », qui révélait que 5863 décès par an, en France, étaient dus au tabagisme passif. «L’analyse de ce rapport révèle cependant des anomalies considérables, telles que le changement de la définition traditionnelle du tabagisme passif. Sur 5863 décès estimés, 4749 sont en réalité des fumeurs courants et les 1114 non-fumeurs comprennent également tous les ex-fumeurs, dont le risque rémanent ne peut être attribué à la fumée environnementale ».
Mais, surtout, ce professeur dénonce la non-indépendance des recherches menées par le passé. Une information dont Rue89 et Libération se font l’écho aujourd’hui. Selon leurs contestataires, ces études sont sponsorisées entre autres par deux laboratoires pharmaceutiques, GlaxoSmithKline et Pfizer. Et qui aurait intérêt à ce que les fumeurs, ployant sous le poids de la culpabilité de tuer à petit feu leurs proches, se ruent sur les patchs, chewing-gum et autres traitements pour arrêter la cigarette? Ceux qui les produisent, c'est-à-dire GlaxoSmithKline et Pfizer.
(Par Sandrine Magne)
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