Logorama, ou la publiphobie supportable
Brève

Logorama, ou la publiphobie supportable

Primé aux Oscars, le court-métrage français d'animation Logorama revient en France, auréolé

d'un "buzz" héroïque : les auteurs n'ont demandé l'autorisation d'aucune des 3000 marques dont les logos sont les personnages de ce film n'animation, qui met en scène une course-poursuite entre deux flics Bibendum, et le clown Ronald Mac Donald. La liberté d'expression contre le droit des marques. Quel courage ! Quel culot !

Logorama, qui montre un paysage urbain gangrené, rongé, dominé par les marques, est-il une critique de la puissance desdites marques (on peut en voir la première moitié ici) ? Le film se veut "un droit de réponse à tout ce à quoi on est soumis quotidiennement. On peut se permettre de caricaturer le président, le pape, Mahomet. Par contre, un logo d'une marque, il n'y a pas plus protégé » répond l'un des auteurs, Hervé de Crécy, dans une interview filmée au Monde, contredisant d'ailleurs son co-auteur, François Alaux, qui avoue lui "une fascination des logos, et une volonté farouche de jouer avec ces codes forts." Toujours est-il que les marques n'ont pas attaqué. Oscars aidant, il est désormais peu probable qu'elles le fassent. Mais qui pourrait bien attaquer, d'ailleurs ? En partageant la vedette entre 3000 marques, les auteurs ont eux-même désamorcé, en le délayant, ce qui aurait pu être une charge.

Dans l'univers de l'information, et surtout dans les médias dépendant de la pub, les marques restent un tabou, comme le montre notre tout nouveau dossier. Pas touche ! Surtout, surtout ne pas donner le nom de l'hypermarché (Leclerc) qui pratique la "remballe" des steaks avariés. Surtout ne pas dire que l'habillage "bio" des produits Yves Rocher est un attrape-gogos. Mais critiquer l'emprise des marques sur notre paysage visuel, nous dessiller sur notre intoxication quotidienne, même si cela fait un film efficace, c'est finalement n'en critiquer aucune en particulier. Et rester donc dans le champ de la publiphobie supportable.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

Fact-checking, quand les médias n'écoutent pas les faits

Spasfon, lecture rapide, crème quantique de Guerlain : à quoi sert la vérification ?

Les légumes secs n'ont pas les faveurs des médias

Bons pour la santé et le climat, ils restent perdants face à la viande, aux produits laitiers ou aux céréales

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.