Botul et BHL, retour sur bastonnade
Brève

Botul et BHL, retour sur bastonnade

Il fallait qu'il y en ait un qui s'y colle.

Il fallait qu'il y en ait un qui impute la bastonnade ayant suivi l'erreur de BHL sur Botul au compte de l'antisémitisme. C'est fait. Comme ils sont prévisibles ! Il s'appelle Philippe Boggio, et écrit sur Slate.fr (site dirigé par Jean-Marie Colombani, pour ceux qui l'ignorent). On imagine, dans la jeune web-rédaction, l'appel pressant du patron aux bonnes volontés. Qui est volontaire pour défendre BHL ? Attali ? Injoignable. Il doit attendre un taxi quelque part. Hollande ? Ah non, en pré-campagne présidentielle. Bon, ce sera Boggio.

Evidemment, le préposé à la défense béachélienne n'écrit pas noir sur blanc que Pierre Assouline, Aude Lancelin ou moi-même sommes antisémites, ce qui serait assez drôle. Non. Si l'on comprend bien, c'est un antisémitisme inconscient, qui a guidé les critiques de BHL. Un antisémitisme en voie de cristallisation. Ainsi comprends-je la chute -très théâtrale, très coup de cymbales, mais qui semble un peu artificiellement plaquée sur le texte, si je puis me permettre- du papier de Boggio. L'antisémitisme anti-BHL n'attend plus qu'un déclic, une occasion (le prochain livre, et le prochain auto-entartage par exemple) pour s'exhiber enfin à visage découvert, mais il est déjà totalement constitué.

Passons sur les incohérences de la plaidoierie. Boggio note que d'autres intellectuels, comme Debray ou Finkielkraut, sont traités moins sévèrement que BHL. Ah, tiens ? Mais si c'était l'antisémitisme, qui guidait les critiques, Finkielkraut devrait donc être aussi rudement bastonné que BHL. Passons. Boggio insinue que Lancelin n'a peut-être pas lu BHL avec toute l'attention qui eût été requise. Comique, s'agissant de la seule journaliste qui a relevé l'erreur. Pourquoi ne se pose-t-il pas cette grave question à propos du directeur de L'Express, Christophe Barbier, auteur d'une pompeuse interview, ("où en êtes-vous avec l'humanisme?"), et qui n'y a vu que du feu ? Re-passons, par indulgence pour Boggio, pour examiner sereinement le reproche : n'en a-t-on pas trop fait sur l'affaire Botul ? Ne serait-ce qu'ici, sur notre site, une dizaine d'articles (dont une grosse majorité de "vite dits") et une interview de Aude Lancelin dans Ligne j@une. c'est beaucoup. Beaucoup, mais en unités de "bruit médiatique", ce sera toujours moins que le "tapis de bombes", largué par BHL pour la promo de ses deux livres. Disons que la vigueur de la bastonnade a été proportionnelle à la position du bastonné, ce qui est un mode de calcul pas plus injuste qu'un autre, et dans lequel le faciès n'est pas un paramètre.


Mise à jour du 24/02/2010 - Philippe Boggio répond à Daniel Schneidermann

Sans doute la haute idée qu’il a de lui brouille-t-elle la lecture de Daniel Schneidermann. Navré, il n’est pas du tout question de lui dans les regrets que j’ai formulés à propos de la nature des réactions aux deux livres de BHL. Il explique : « Evidemment, le préposé à la défense béhachélienne n’écrit pas noir sur blanc que Pierre Assouline, Aude Lancelin ou moi-même sommes antisémites, ce qui serait drôle ». Non, vraiment, désolé, mais Daniel Schneidermann s’impose où il n’a pas été convié, il tire à lui une gloire qui ne revient qu’aux deux autres. J’ai écrit : « Deux exemples simplement, pour tenter de montrer que dans le cas BHL désormais, les meilleurs journalistes peuvent se perdre dans des eaux boueuses ». Deux exemples seulement. Et en effet, je critique certains points des deux articles. Non le sien, je suis impardonnable. Si je cite sa chronique, plus bas dans mon texte, c’est tout au contraire pour l’approuver. Je note alors : « Daniel Schneidermann a largement raison. Ainsi procède BHL» etc.

Schneidermann commet donc une usurpation d’outrage en cherchant à être impliqué à tout prix dans mes reproches. Peut-être un peu de suffisance ? Libre à lui de se passer un bandeau sur les yeux et de filer offrir sa poitrine aux balles, mais le peloton d’exécution n’est pas venu pour lui. Un autre jour peut-être, promis.

Il écrit encore : « Re-passons, par indulgence pour Boggio… ». Que Schneidermann le très haut soit remercié pour celle-ci. Ainsi que pour la magnifique leçon d’éthique professionnelle qu’il dispense, en conclusion, en justifiant l’hostilité réservée à BHL par la seule bonne vieille règle : œil pour œil, dent pour dent. « Disons que la vigueur de la bastonnade a été proportionnelle à la position du bastonné, admet-il, ce qui est un mode de calcul pas plus injuste qu’un autre ». Une telle pensée-Cromagnon mériterait d’être inscrite au fronton d’Arrêt sur images. Pour sa finesse et sa profonde humanité.

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