Google schizophrène (20minutes.fr)
Brève

Google schizophrène (20minutes.fr)

Peut-on faire confiance à Google ? Alors que la firme, qui au départ n'était qu'un moteur de recherche, développe son activité dans tous les secteurs d'internet (Youtube, Gmail, système d'exploitation pour téléphone mobile, navigateur), de plus en plus de questions se posent sur sa stratégie commerciale.
La firme, qui dit ouvertement ne pas vouloir "faire le mal" (don't be evil), prend de plus en plus de poids face à ses concurrents comme Microsoft. Cette semaine, un des vice-présidents du groupe, Jonathan Rosenberg, s'est fendu d'un vibrant plaidoyer pour l'open source sur le blog officiel de l'entreprise. Une posture qui est pourtant en contradiction avec les pratiques de l'entreprise dans ses activités fondatrices : la recherche sur internet et la publicité ciblée.

Avec le lancement du système d'exploitation pour téléphone mobile Android, et de son navigateur Google Chrome, la firme du moteur de recherche le plus utilisé au monde a encore élargi ses domaines d'activité. Et tout comme le sera son futur système d'exploitation, Google Chrome OS, ces nouvelles applications sont toutes fondées sur un système "Open source" : leur code est public, et peut librement être utilisé et amélioré par qui le souhaite.

Une posture défendue avec passion par l'un des vice-présidents de l'entreprise, Jonathan Rosenberg, dans une note publiée sur le blog officiel de Google, et relevée par Philippe Berry sur 20minutes.fr.

Dans un billet titré "La signification de l'ouverture", Rosenberg explique sa propre vision de ce qu'est un modèle ouvert, et pourquoi c'est le meilleur modèle possible. "A Google, nous croyons que c'est le modèle ouvert qui va gagner". Intuitivement, reconnaît Rosenberg, le système économique veut que l'on tire avantage d'un produit en excluant ses concurrents (il prend l'exemples des rasoirs, peu chers, dont les rechanges de lames, par contre, sont très chères). Appliqué au secteur des nouvelles technologies, cela donne des produits comme l'iPhone d'Apple dont le modèle est "fermé" : Apple a la mainmise sur les applications, seul un format de musique est accepté, etc.... Le problème, explique Rosenberg, c'est qu'une fois les consommateurs captifs, ces modèles ne favorisent pas l'innovation. A l'inverse, un modèle ouvert qui n'enferme pas les consommateurs, oblige à innover toujours plus pour les garder, dans une dynamique positive. Un internet ouvert, écrit-il, crée un flux régulier d'innovations qui attire les usagers et fait croître l'industrie dans son ensemble. En gros, si internet était un gâteau, Google préfèrerait que le gâteau soit plus gros et en avoir une plus petite part, qu'avoir une grosse part d'un petit gâteau.

Tout cela est bien beau, mais mensonger, font valoir plusieurs observateurs, car derrière ce discours, il y a un domaine dans lequel Goole n'est pas très "open" : celui de son algorithme de recherche. En effet, son système de "pagerank", qui lui permet de classer les pages web en fonction de leur popularité, est une boîte noire sur laquelle Google veille au grain. Idem pour ses placements publicitaires, établis en fonction des donnés recueillies auprès de ses usagers. Leur système reste opaque. Et la part de gâteau, rappelle 20minutes.fr, est confortable : Google a "plus de 60% du marché de la recherche et de celui de la publicité en ligne".

Une critique rapidement balayée par Rosenberg : "Notre but est de garder l'internet ouvert, ce qui promeut le choix et la concurrence, et empêche les usagers et les développeurs d'être captifs. Mais dans certains cas, notamment pour notre moteur de recherche et nos annonces publicitaires, l'"open source" pourrait, à l'inverse, aller à l'encontre de l'intérêt de usager", écrit-il, précisant que ce marché étant déjà très concurrentiel, les usagers ne sont pas captifs. "Sans même parler du fait qu'"ouvrir" ces systèmes donnerait la possibilité de "jouer" avec nos algorithmes pour manipuler la recherche, ce qui réduirait la qualité du service pour tout le monde".

En bref, note Philippe Berry, "il y a comme une sorte de schizophrénie chez Google. D'un côté, le besoin d'affirmer que «les systèmes ouverts gagnent». De l'autre, la réalité de bénéfices amassés grâce à un algorithme jalousement protégé. Un jour, répéter son slogan «don't be evil», l'autre, justifier longuement que la collecte de données personnelles est un mal nécessaire (pour offrir aux annonceurs des pubs ciblées et en retour des services gratuits à utilisateur)".

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