La chute du mur, "et alors ?"
Brève

La chute du mur, "et alors ?"

"Et alors ?" Bernard Guetta commençait à dévider ce matin

sur France Inter ses souvenirs de correspondant du Monde, la semaine de la chute du mur de Berlin. Au lendemain, donc, de la "chute du mur", le 9 novembre 1989, Guetta appelle d'Erevan les sténos du journal, en leur annonçant qu'il va dicter dix feuillets sur l'Arménie. La sténo : "dix feuillets sur l'Arménie, Bernard, avec ce qui s'est passé cette nuit ?" Et la sténo annonce au journaliste que le mur de Berlin est tombé. Et Guetta, énervé, tout à son Arménie : "et alors ?"


"Et alors ?" : cela signifiait que l'Empire soviétique se délitait depuis plusieurs années, avec rebondissements quotidiens, et que la chute du mur, avec une nuit sans sommeil, l'éloignement, et un tempérament sanguin (tiens, revoyez donc une de nos émissions avec Guetta), pouvait à la limite passer pour n'être qu'un épisode parmi d'autres du processus. Guetta n'était pas le seul. Alors que les premiers franchissements pacifiques du mur avaient lieu, le 9 novembre, en fin d'après-midi, aucun jité du soir de l'époque n'en faisait son principal titre, comme si lémédias se refusaient à croire l'événement inouï qu'ils avaient sous les yeux. Vingt ans plus tard, c'est cet épisode précisément que les médias occidentaux choisissent de commémorer en grande pompe, plutôt que l'accession au pouvoir de Gorbatchev, l'indépendance des pays baltes, ou la fin officielle de l'URSS. C'est sans risque.


Rien de plus difficile que de discerner les grands événements, le nez collé sur l'actualité. Prenons la tribune, co-signée par Raffarin et vingt-quatre sénateurs UMP, et annonçant leur refus de voter en l'état la suppression de la taxe professionnelle. "Fronde", "jacquerie" : les éditorialistes ne savent pas très bien comment la qualifier, et la plupart des radios du matin n'en font pas leur premier titre, comme gagnées à l'avance par un "et alors ?" Elles ont peut-être tort. Il faut toujours regarder avec beaucoup d'attention les soubresauts liés à l'impôt. On le sait depuis 1789, deux cents ans exactement avant la chute du mur.

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