"La dérive pétainiste" de Besson (L'Humanité)
"Sarkozy reprend l’offensive sur le thème bien connu des immigrés qui poseraient problème à l’identité de la France. Car comment interpréter autrement le choix de grouper dans le même ministère l’immigration et «l’identité nationale»? Cette notion «d’identité nationale» va à l’encontre de la nation forgée par la Révolution française. Á cette vision ouverte et progressiste, «l’identité nationale» de Nicolas Sarkozy oppose une conception étroite et conservatrice, inégalitaire, avec ses fantasmes d’ancienne puissance coloniale, vision du monde selon laquelle l’étranger, le jeune, l’ouvrier constituent potentiellement une classe dangereuse. Décidément, rien, aucun scrupule de moralité politique ne retient l’imagination débordante des stratèges de l’Élysée, au risque de réveiller les démons de la haine" écrit l'Humanité dans son éditorial. "Refuser d’entrer dans ce «débat» miné, faire prévaloir la lutte des classes sur l’impasse de la haine des «races». Telle doit être la meilleure réplique au piège de M.Besson." conclut l'Humanité |
Sur son blog, Alain Juppé, ancien Premier ministre, et maire de Bordeaux, critique aussi le débat relancé par l'actuel gouvernement. Juppé écrit, entre autres, citant Ernest Renan :” Une nation est un principe spirituel, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol.”avant de conclure "Tout est dit. A quoi bon relancer un débat?"
Contrairement l'Humanité et à Alain Juppé, Libération, qui a consacré sa Une et une double page à ce sujet, hier mardi 27 octobre, tout en critiquant Besson, semble trouver intéressante l'idée de ce débat : "Un débat sur l’identité nationale… Et pourquoi pas ? On comprend que
l’opposition dénonce, dans la proposition d’Eric Besson, un calcul
électoral destiné à siphonner les voix du FN, autant qu’une conception
méfiante et essentiellement défensive de la nation, qui serait menacée
par l’immigration, comme l’indique l’intitulé même de son ministère.
Mais précisément : plutôt que de traiter la discussion par le sarcasme
ou le rejet de principe, ne faut-il pas opposer à cette craintive
attitude qui débouche, entre autres, sur le renvoi de trois réfugiés
afghans dans leur pays en guerre, une autre conception, ouverte,
évolutive et généreuse ?" écrivait Laurent Joffrin dans son éditorial.
Pour (tenter de) résister à cette opération de diversion, relisez donc la chronique de Daniel Schneidermann Besson, où as-tu rangé la burqa?, nouvel élément pour notre dossier Sans-papiers: le harcèlement Besson
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