à qui profite le crime ?

Yann Guégan, pour Rue89, jette un pavé dans la mare. Il remarque que l'emploi d'expressions imagées dans les articles de presse sur internet ne connaît pas la crise, et a même, plus que jamais, le vent en poupe : "Du 24 juin au 24 juillet, ces expressions toutes faites ont été détectées plus de 900 fois".

Pour réaliser cette étude, Guégan a analysé "les médias français publiant du contenu sur Internet repris par Google Actualités", en utilisant un petit robot, Alerte cliché, qui détecte automatiquement ces expressions et les diffuse sur le réseau social Twitter : "Je suis parti d'un inventaire d'expressions à éviter établi par la rédaction de Rue89, et notamment par Laurent Mauriac, grand chasseur de poncifs devant l'éternel (Colin Vérot, informaticien, m'a aidé à filtrer les résultats glanés sur Google Actualités)", écrit le journaliste. Il a ensuite "pondéré les scores (...) en fonction du nombre d'articles repérés par Google Actualité", et selon le rythme de publication des journaux, afin de "bâtir un "indice Alerte cliché", et établir le classement."

"La presse régionale est réputée gourmande de clichés", indique Rue89, mais c'est finalement Le Figaro qui caracole en tête, avec 35 utilisations de clichés, et un ratio de 50,7. Dans la cour des grands, on retrouve aussi Les Echos, avec 13 clichés et un indice de 44, puis La Voix du Nord, avec 53 clichés et un indice de 36. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Car aux quatre coins de l'Hexagone, les journalistes utilisent ces expressions : Maville.com (Ouest France), Le Télégramme (de Brest) et La Dépêche (du Midi) arrivent respectivement en 3e 4e et 5e position. Cerise sur le gâteau, ou ironie de l'histoire ? @rrêt sur images apparaît aussi - mais avec une seule occurence, et...pour avoir cité Mediapart- dans le tableau des clichés publié par Rue89.

Quelle réaction les journaux auront-ils face à cette étude ? Ils savent désormais que Rue89 les attend au tournant : "Alerte cliché continue, avec une obstination toute informatique, son travail de petit rapporteur. Et de sa chasse aux plumes paresseuses, il ne risque pas de rentrer bredouille de sitôt." La balle est donc dans le camp des sites médias, qui devront revoir leur copie au risque de s'enfoncer dans la crise. Affaire à suivre...

(par Maude Milekovic-Leroy)