Extermination bleu marion
Brève

Extermination bleu marion

Il faut donc une fois encore revenir à l'extermination nazie, puisque décidément, 70 ans plus tard, on n'en sort pas.

A propos des chambres à gaz, Marion Maréchal-Le Pen, a-t-on lu dans la presse, s'est démarquée de son grand père, ce qui a manifestement causé un grand chagrin à ce dernier. Mais il faut écouter avec quels mots.

"Je n’oublie pas que le régime nazi et ses alliés ont mis mon pays à feu et à sang, que des milliers de mes compatriotes sont morts dans des conditions atroces, certains de confession juive victimes d’une politique raciste qui aura fait date dans l’histoire" dit-elle à Valeurs Actuelles, pour expliquer que pour elle les chambres à gaz ne sont pas un "point de détail".

Aux yeux de Maréchal-Le Pen, qui sont donc les victimes de l'extermination nazie ? "Des milliers de mes compatriotes". En comptant par "milliers", MMLP indique clairement qu'elle ne prend en compte que la déportation en France. Et dans la déportation en France, seuls l'intéressent donc ses "compatriotes". Sa compassion ne s'étend pas aux victimes étrangères. Parmi ces compatriotes, elle note la présence de "certains de confession juive victime d'une politique raciste". On remarque le mot "certains". Pas "la plupart", ni "la majorité". Non. Seulement "certains".

MMLP n'est pas la première à minimiser la place des Juifs dans l'extermination. Ce fut une tendance générale...dans les années de l'après guerre, et jusqu'aux années 70, comme en témoigne la très belle chanson de Jean Ferrat, Nuit en brouillard. "Ils s'appelaient Jean-Pierre Natacha ou Samuel" : ainsi Ferrat, chanteur proche du PCF, décrit-il les convois de déportés, où Samuel n'occupe donc que la troisième position, derrière Jean-Pierre et Natacha. Mais Ferrat chantait dans les années 60, avant que les historiens et les politiques français ne pointent la spécificité de l'extermination des Juifs. En 2015, Marion Maréchal-Le Pen en est au même point.

Pour mémoire, il est admis aujourd'hui que 75 721 Juifs (dont seulement 24 500 Français) ont été déportés de France (2500 environ sont revenus). Le souvenir de Marion Maréchal-Le Pen ne s'étend donc pas aux plus de 50 000 Juifs étrangers déportés de France. En revanche, il englobe les quelque 80 000 "déportés de répression". Dans cette catégorie des "déportés de répression", MMLP étend son attention mémorielle aux résistants, déportés politiques, otages, mais pas aux Républicains espagnols, qui ne sont pas des "compatriotes". 75 000 contre 80 000 ? Elle a donc raison de parler de "certains", m'objecteront les marionnistes. Ah mais non. Car parmi les "déportés de répression", le taux de survie fut sensiblement plus élevé (environ 60%). Je vous laisse faire le calcul final, si vous avez le coeur à ça. Rappelons enfin que le nombre total de victimes de l'extermination nazie en Europe, s'élève à quelque cinq millions, parmi lesquels, donc, une écrasante majorité d'étrangers.

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