La quenelle du bureau ovale
Brève

La quenelle du bureau ovale

On ne s'en lasse pas. Il faut voir, et revoir, ce selfie de la colo hollando-journalistique française dans le bureau ovale.
  Ce n'est pas seulement un défoulement de gamins en sortie scolaire (toute la galerie photos est là). Il y a dans cette jubilation profondément, délibérément régressive, un bras d'honneur à l'actualité dramatique que ces journalistes sont censés traiter. Pour la première et sans doute dernière fois de leur vie, ils sont au coeur du coeur du coeur du pouvoir. Ils n'y reviendront jamais. C'est le sommet de leur carrière. Il faut immortaliser l'instant, pour le montrer plus tard aux enfants. Et, improvisant, ils inventent donc la quenelle des pro-Système. A poil Hollande ! A poil Obama ! Il faut remercier la mode du selfie, qui nous révèle, mieux que toutes nos émissions ne sauraient le faire, ce qu'est devenu le journalisme mainstream. Cette image (au premier rang, oui, c'est Thomas Wieder, du Monde) mérite bien d'incarner désormais notre dossier sur la mondialisation heureuse.
 

   

Eh quoi ? On n'a plus le droit de s'amuser ? Mais si. Amusez-vous. Comme Obama lui-même s'amusait aux obsèques de Mandela, avec la première ministre danoise. Comme Obama s'est encore amusé à la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec Hollande, à menacer les patrons français. Comment ? Vous n'avez rien lu sur le sujet ? Ah oui, les accrédités comptaient le nombre de retweets de leurs selfies. On ne peut pas être partout. Alors voilà. La semaine dernière, une délégation de 116 entreprises françaises, emmenées par le Medef, s'est rendue à Téhéran. "En visite exploratoire", a expliqué le Quai d'Orsay, alors que les sanctions contre l'Iran ne sont pas encore levées. Mais il faut bien occuper le terrain comme les copains : les patrons allemands, italiens, turcs, coréens du Sud, etc, se succèdent en Iran. Les Américains n'ont pas été contents du tout. Eh ! Nos sanctions, qu'est-ce qu'elles deviennent ? Kerry a appelé Fabius, qui a regardé le bout de ses chaussures. Et donc, devant Hollande, le facétieux Obama a menacé ces entreprises de leur envoyer "une tonne de briques" sur la tête, si elles cassaient l'embargo (dans le cadrage de la video embeddée par le New York Times, on ne voit pas la tête de l'ami François. Dommage). Voilà l'affaire; En France, le media mainstream qui le mieux traité la question est Le Parisien.

Il y a eu d'autres moments bien amusants, dans cette conférence de presse. Par exemple, quand François a promis à Barack d'accélérer la mise en oeuvre du traité tansatlantique, ce traité qui fait peser de lourdes craintes sur la sécurité sanitaire et sur l'environnement (notre enquête est ici, notre émission est là), et inquiète, parait-il, la gauche du PS. Rigolo, oui. Mais beaucoup moins, je l'admets, que de savoir qui était assis (e) à côté du french bachelor au dîner d'Etat, question qui a ouvert le journal de 8 heures de France Inter (je ne vous fais pas languir, il était finalement entre Barack et Michelle).

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