L' iPhone : fossoyeur du photojournalisme ?
Brève

L' iPhone : fossoyeur du photojournalisme ?

Le quotidien Chicago Sun Times a licencié tous ses photojournalistes. Il fera appel à des photographes indépendants et compte aussi que les journalistes illustrent leurs articles en prenant des photos avec leur smartphone.

Les revenus de la presse quotidienne sont en baisse, et les groupe médias cherchent à faire des économies dans tous les domaines. Exemple avec le Chicago Sun Times (400 000 exemplaires) qui a licencié ses 28 photojournalistes fin mai, dans le cadre d'un plan de modernisation et d'adaptation aux nouvelles manières de consommer de l'information. La maquette du journal a été refaite et une nouvelle formule a été lancée le 19 juin dernier.

Ce n'est pas une première : USA Today a fortement réduit le nombre de ses photographes, et le Washington Times a aussi fermé son service photo en janvier dernier. Cette évolution a commencé il y a plusieurs années : le quotidien populaire new-yorkais Newsday a licencié ses 20 photographes en 2008. Et travaille depuis avec des photos d'agence et des indépendants.

Ce qui fait la différence au Chicago Sun Times, c'est que le lendemain de l'annonce du licenciement des photographes, les journalistes rédacteurs ont du suivre une formation obligatoire sur les bases de la photographie avec un iPhone.

Le journal compte aussi sur eux pour contribuer à illustrer ses articles, aussi bien en photo dans l'édition papier et sur le Web, qu'en vidéo sur le site.

Le quotidien fait partie du groupe Sun Times, qui compte en outre 40 journaux locaux. Le groupe a été acheté en décembre 2011 par un millionnaire de Chicago, Michael Ferro.

Chicago Sun Times mardi 2 juillet 2013

La mise en place de la nouvelle organisation n'a pas tardé :en page 6 du journal d'aujourd'hui, l'article de Stefano Esposito journaliste rédacteur du Chicago Sun Times, évoque le jugement d'un fait divers dans un tribunal de Chicago. Il est question d'un jeune homme qui a tabassé à mort un homme de 62 ans.

Et pour illustrer l'article, la photo de la femme de la victime accompagnée de son fils prise hier est signée "Stefano Esposito-Sun-Times". Ainsi, le journaliste a à la fois pris une photo et écrit son papier. Voilà un exemple du nouveau fonctionnement de la rédaction.

Cette annonce est loin d'être passée inaperçue. Ce recours à l'iPhone pour mettre en image l'actualité dans un journal papier a été raillé par le célèbre animateur et humoriste Colbert lui a consacré une séquence dans son show quotidien, le 5 juin.


Mais au-delà de la polémique, du choc des photographes licenciés, des journalistes habitués à seulement écrire, qui doivent se transformer en journalistes multimédia, l'iPhone est déja devenu un outil de travail pour certains photographes professionnels.

Ainsi, Rob Hart, l'un des photographes licenciés, utilise un iPhone pour illustrer quotidiennement sa nouvelle vie sur le blog "Laid off from the Sun-Times" (licencié du Sun-Times) qui est ainsi présenté "Rob Hart a été remplacé par un journaliste avec un iPhone". Il y publie une photo par jour.

picto L'une des premières photo montre les documents qui lui ont été remis lors de son licenciement, avec un morceau de pizza.

Plus largement si l'iPhone est un bon appareil photo quand le sujet est proche et qu'il est bien éclairé, il est moins efficace dans d'autres circonstances. Par exemple, si le sujet se déplace rapidement, la prise de vue est difficile.

Autre exemple encore. Très récemment, lorsque l'ouragan Sandy a frappé New York et la côte américaine, en 2012, c'est une photo faite avec un iPhone qui a fait la Une de l'hebdomadaire le 12 novembre 2012.

De même, Le New York Times a publié, le 31 mars 2013, une photo d'un joueur de base-ball, Alex Rodiguez, des New York Yankees, prise par le photographe de sport Nick Laham, dans des toilettes, en février 2012. Toutefois, pour cette photo prise avec un iPhone, il faut préciser que Laham a utilisé un éclairage professionnel.

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