"Révélation : comment la Grande Bretagne a espionné ses alliés lors des sommets du G20 à Londres" Le Guardian a révèlé, lundi 17 juin, que les ordinateurs, et les appels téléphoniques des officiels et des hommes politiques qui ont participé au sommet du G20 (en 2009) à Londres ont été espionnés par les services secrets, qui avaient même installé des cybercafés piégés sur ordre du gouvernement britannique.

L'information - pourtant explosive - a été presque passée sous silence par les autres médias britanniques. Elle a été oubliée alors même qu'elle aurait du faire du bruit, étant publiée le jour de l'ouverture du sommet du G8 organisé par le Royaume Uni, en Irlande du Nord. Or ni le Financial Times, ni le Times n'en ont parlé dans leurs articles consacrés au G8, tandis que le Daily Telegraph faisait une brève sur les réactions choquées de l'Afrique du Sud et de la Turquie, dont l'espionnage de leurs délégations était détaillé dans les quatre pages consacrées par le Guardian à cette affaire.

Le matin de la parution de l'enquête du Guardian, pas une seule question n'a été posée sur ce sujet William Hague, le ministre des affaires étrangères dont dépend le service des écoutes britannique le GCHQ, alors qu'il était l'invité de BBC Radio 4, a souligné depuis le Guardian.

Le Guardian estime que ce silence est sans doute le résultat de pressions exercées sur les médias par le ministère britannique de la défense dès que l'affaire Snowden (ex-agent de la CIA qui a révélé la surveillance exercée sur les communications et l'Internet par les USA) a éclaté.

Le lendemain, le 7 juin, le ministère britannique de la Défense a émis une courte "confidential D notice" (note confidentielle) invitant les médias à ne pas publier des informations qui pourraient "mettre en danger la sécurité nationale et des agents britanniques". Il était précisé que la note était "privée et confidentielle : qu'elle ne devait pas être publiée, diffusée ou utilisée sur un réseau social". Mais le 8 juin, elle était publiée sur un blog...

"Quelle horreur ! La Grande Bretagne espionne d'autres nations" titre la chronique de Stephen Glover (publiée sur une page par le tabloïd Daily Mail), critiquant le Guardian qui se dit "à juste titre, choqué par le fait que des lignes téléphoniques privées soient espionnées, mais cherche la gloire en trahissant des secrets d'Etat de la Grande Bretagne"

Selon le Daily Mail, le Guardian a consacré plusieurs "pages à une histoire qui serait la plus scandaleuse des temps modernes. (...)" Mais selon Glover, cette affaire n'est pas forcément répréhensible. "Le fait que nos services de sécurité ont secrètement surveillé les communications de politiciens étrangers qui étaient nos invités, et dans certains cas de soi-disant alliés - comme la Turquie et l'Afrique du Sud - vous choque-t-il ? pas moi ! Au contraire, je suis rassuré de savoir que nous faisons aux autres, ce qu'ils font sans doute pour nous."

Puis Glover accuse son confrère du Guardian d'avoir voulu déstabiliser le gouvernement. "Les révélations du Guardian ont été diffusées de manière à gêner le plus possible le gouvernement britannique au début de ce sommet du G8." Il ajoute que la semaine dernière, Snowden accusait les USA d'écouter des citoyens ordinaires, "mais si c'est vrai, il y a un monde entre scruter les emails de particuliers et surveiller les activités, potentiellement dangereuses, d'autres Etats". Puis le Daily Mail conclut que le Guardian "a tout simplement perdu les pédales".