Syrie : tout le monde filme tout (Le Monde)
Brève

Syrie : tout le monde filme tout (Le Monde)

Dans un long article du

Monde (abonnés), Christophe Ayad et Florence Aubenas, tous deux reporters, évoquent la guerre en Syrie, où "tout le monde filme tout" avec son téléphone portable.

Alors que les journalistes sont tenus à l'écart, et quelques-uns y ont déja laissé leur vie, Ayad et Aubenas, soulignent qu'on n'a jamais vu autant d'images :

"Si l'on mettait bout à bout toutes les images d'amateurs tournées en Syrie depuis un peu plus de deux ans, on regarderait le récit d'une guerre telle qu'on ne l'a jamais vue, un pays entier constamment sous 21 millions d'objectifs. Et plus le conflit dure, plus les images s'accumulent, par strates successives, débridées, mutantes, envahissant Internet : une révolution YouTube."



Explosion d'un char syrien

Une guerre filmée par ceux qui la vivent : "Jamais une guerre n'aura été autant documentée par ceux-là mêmes qui la vivent : combattants, civils, victimes, bourreaux, témoins engagés, passants sans engagement, tout le monde se filme et filme les autres. Au risque de voir ce déferlement d'images se retourner cruellement contre ceux qui les diffusent."

Un continent visuel : "Ni du journalisme ni du documentaire, encore moins de l'art, mais un nouveau continent visuel. Il y aura un avant et un après-Syrie dans l'histoire du journalisme et de la guerre."

Les images peuvent aussi piéger ceux qui les tournent. Les deux journalistes donnent l'exemple de Mohammed, un étudiant dentiste,  qui a commencé à filmer, "comme tout le monde", dit-il.: "Ici, on n'a pas l'habitude des médias. Mohamed montre tout, sans calcul : les premiers entraînements dans les champs, les embuscades. En réalité, ses images vont servir le régime. Des personnes sont arrêtées, des positions repérées et bombardées"

Tout est montré, sans discernement : "Le flot des films se serait sans doute tari si Bachar était tombé. Mais Bachar ne tombe pas. Et Internet devient le plus grand cimetière du pays. (...) Les gros plans s'arrêtent sur les blessures, c'est la mort toute crue qui est donnée à voir."

Les images les plus violentes sont devenues disponibles : "Les arrestations, les scènes de torture et d'humiliation envahissent le Net, jusqu'à l'insupportable. Quand on tape "Syrie torture" sur YouTube, des dizaines de pages s'affichent, certaines vues par des dizaines de milliers d'internautes."

Les images alimentent la haine réciproque, notent enfin les deux journalistes: "L'image est devenue une arme pour atteindre l'ennemi par procuration. Les vidéos se nourrissent les unes les autres, accentuant les dynamiques de haine déjà à l'oeuvre dans la réalité."

Ce dimanche après-midi, une recherche sur You Tube avec les mots "Syria War" proposait plus d'un million de vidéos....

Un élément de plus pour notre dossier Syrie, guerre à huis-clos et l'occasion de retrouver Christophe Ayad sur notre plateau

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