Skins, antifas, et dresscodes
Brève

Skins, antifas, et dresscodes

Elle ne fait pas plaisir, la vérité crue, celle qui ressort des froides enquêtes.

Jamais. Ou si rarement. C'est une garce, la vérité. Une indésirable. On voudrait tant lui fermer la porte au nez, ne pas la voir. Ils ne font pas plaisir, les éléments avancés hier, tout au long de la journée, sur la mort de Clément Méric. Les rares images retrouvées de Méric, d'abord, dans les manifs pro-mariage pour tous. Cette silhouette fluette de gamin réchappé de la leucémie. Ce vaillant combattant de cour de lycée. Crêvecoeur.

Cette vente privée de vêtements, ensuite, dans laquelle Méric et son meurtrier se sont apparemment retrouvés. Et ces provocations verbales de Méric contre la bande de skins, dont attestent, selon des fuites policières, plusieurs témoins. L'un d'entre eux était interrogé sur France 2 : "J'ai vu un petit jeune qui provoquait un autre qui ressemblait à un skinhead et qui avait l'air de lui dire avec un geste de la main, tranquille tranquille, on est là comme toi pour faire notre shopping. Et l'autre skinhead montrait son petit doigt, en disant "il est tout maigrichon, et il nous provoque." Où se trouvait ce témoin ? Dans l'appartement de la vente privée ? Dans l'immeuble d'en face, comme semble le suggérer l'étrange cadrage de France 2 ? La chaîne  ne le dit pas. Mais de deux choses l'une. Soit le témoignage de France 2 se trouvera corroboré par la suite de l'enquête, soit non. Si ce témoignage est confirmé, toutes les alertes au danger fasciste, dont retentit la classe politique depuis hier, en apparaitront rétrospectivement boursouflées, comme lors de l'affaire du RER D, ou de celle de la profanation du cimetière de Carpentras. Mais si ce témoignage s'effondre, France 2 devra assumer la responsabilité d'avoir jeté une ombre sur la mémoire de Méric. Danger fasciste ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses ne sont pas plus claires de l'autre côté. Il fallait voir Serge Ayoub, alias Batskin, patauger dans les justifications, sur les plateaux, pour expliquer qu'il connaissait les meurtriers sans les connaître, qu'ils étaient membres des "Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires" sans l'être, et qu'ils s'étaient, somme toute, rencontrés par hasard au téléphone.

On aurait pu rêver circonstances plus claires, plus héroïques, que cette bagarre autour des cintres et des T shirts soldés, qui ravale l'épisode au rang d'un ordinaire pugilat de skins, skins fachos contre red skins (même si Méric n'avait certes pas le profil habituel d'un red skin). On aurait pu rêver d'autres terrains d'investigation, que de devoir s'improviser chroniqueur couture, pour tenter de comprendre pourquoi skins et "antifas" ont adopté le dresscode Fred Perry. On aurait pu.

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