musée à vendre ! faire offre municipalité Detroit, Michigan
La ville de Detroit (Michigan, Étazunis) est dans une panade noire. Désertification industrielle entraînant un taux de chômage record, ruines architecturales impressionnantes (voir par là les sublimes photographies d'Yves Marchand et Romain Meffre), gouffre financier d'une profondeur abyssale avec quinze milliards de dollars de dette qu'elle ne sait comment rembourser, aucune issue à l'horizon.
À moins que la ville aille chercher l'argent là où il est. Au musée municipal, par exemple. C'est ainsi qu'un gestionnaire de crise dûment mandaté a officiellement averti le Detroit Institute of Arts (l'un des plus beaux musées des USA) que la municipalité envisageait de vendre quelques-unes des zeuvres accrochées sur ses cimaises. En voilà une idée qu'elle est bonne ! Rapide sélection de quelques croûtes possédées par ce musée qui pourraient ramener une poignée de dollars dans les caisses :
Family Portrait par Malcolm Morley, 1968
Éléonore de Tolède et son fils
par Agnolo Bronzino, 1545-1550
Intérieur avec une femme par Vilhelm Hammershoi, 1901
Portrait de Titus par Rembrandt, vers 1660
Saint Jérôme dans son cabinet de travail
par Jan van Eyck, 1435
La noce par Pieter Bruegel l'Ancien, 1566
Madame Cézanne par Paul Cézanne, 1886
Autoportrait par Vincent van Gogh, 1887
Before, Again II par Joan Mitchell, 1985
Sauf que voilà, "Ann Marie Erickson, vice présidente exécutive du Detroit Institute of Arts, a déclaré avoir engagé l’avocat Richard Levin de chez Cravath, Swaine & Moore, spécialiste en faillite, afin de protéger la collection du musée. Elle a précisé qu’elle était animée par la conviction que les collections du musée appartiennent au public et qu’elle souhaitait en assurer la protection", nous affirme le site Art Media Agency.
Comment ça, les zeuvres d'art installées dans un musée public ne sont pas propriété privée de la municipalité possédant ledit musée ? Comment ça elles appartiennent à tout le monde ? C'est un scandale ! Une entrave à la liberté d'entreprendre ! La municipalité ne se laissera pas faire ! Le Detroit Institute of Arts non plus.
À lire
En langage grand-breton, l'article qui mit le feu aux poudres : Battle brewing over Detroit museum collection par John Gallagher et Mark Stryker, Detroit Free Press, repris par USA Today le 26 mai dernier.
Vin, toiles, îles : la grande braderie des « bijoux de famille » face à la crise sur Rue89.
L'occasion aussi de lire ma chronique intitulée Ça sent mauvais au musée d'Orsay !
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