Vie d'Adèle : happy end à Cannes
Brève

Vie d'Adèle : happy end à Cannes

On a beau fermer ses oreilles au festival de Cannes et à ses autocélébrations satisfaites

, les fermer avec étanchéité, résolument, sans faiblesse, quelques clapotis parviennent toujours à franchir les boules Quiès virtuelles. Ces clapotis, cette année, auront construit l'impression d'un ramassis de beaufs sentant la chaussette. Un seul film de femme sur les 31 films en compétition. Ozon divaguant dans une interview sur toutes les femmes qui rêveraient de prostitution. Et Polanski, affirmant pour sa part que les femmes étaient tellement plus femmes, tellement plus excitantes, tellement plus glamour, avant la pilule.

Le droit imprescriptible, reconnu à tout réalisateur génial comme à tout citoyen, de proférer des monstruosités (comme on l'avait déjà vérifié lors de l'affaire Polanski) a-t-il toujours été exercé si largement ? S'exerce-t-il aujourd'hui davantage qu'hier ? Y sommes-nous plus intolérants ? Internet offre-t-il aux internautes réfractaires à la connerie davantage de moyens de réagir à ces monstruosités ? Sujets de méditation du lundi matin.

Heureusement, arriva Lapalme. Heureusement, elle fut attribuée à "La vie d'Adèle" un film estampillé Exception Culturelle Française, qui montre ("avec une crudité qui, que, comme jamais" insiste bien Lacritique) une histoire d'amour entre deux jeunes femmes. Aucun rapport, bien entendu, avec la (dernière ?) manif anti-mariage gay qui, au même moment, dégénérait à Paris, avec son quota désormais obligé de tabassages de photographes de presse. Aucun rapport, non, claironna Lapresse d'une seule voix. Et en effet, on n'imagine pas Spielberg délibérant avec un oeil sur BFM. Sauf que le cerveau, et notamment celui des journalistes, guère fondamentalement différent de celui des mortels ordinaires, mettait immédiatement en relation les deux événements : à l'obscurantisme de la rue, s'opposait donc, venue du Sud, la grande lueur de la Croisette. Au dernier jour, donc, le Festival rejoignit ainsi le camp du Bien, celui du Progrès des Moeurs contre la beauferie obscurantiste. C'est ce qu'on appelle, au pays de tonton Spileberg, un happy end.

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