Lion Air, les étouffeurs et les alarmistes
Brève

Lion Air, les étouffeurs et les alarmistes

En digne présentateur de la télévision d'Etat, David Pujadas était donc au premier rang pour applaudir à la signature du contrat aérien historique, à l'Elysée.

234 Airbus vendus à la compagnie low cost indonésienne Lion Air. Champagne. Hosannah. Vive Hollande. Vive l'Emploi. Enfin une bonne nouvelle ! On dressait l'oreille. On attendait. Car on arrivait tout droit du bouge de Canal+, où Aphatie venait de se gargariser du fait suivant: ladite compagnie Lion Air, est interdite de vol en Europe et aux Etats-Unis. Au même moment où Pujadas sabrait le champagne, Yann Barthès, toujours sur Canal+, en exhibait la preuve: la liste officielle des compagnies blacklistées, avec surlignage au stabilo jaune de l'héroïne du jour. Sous-entendu: ces avions dont on célèbre la vente, sont promis à un bel avenir de poubelles volantes, aux mains d'une compagnie de sagouins. Et Pujadas ? Rien. Pas un mot sur l'interdiction de vol. Sujet suivant. On ne va tout de même pas gâcher la fête. Décollez, y a rien à voir.

Poubelles volantes ? Les choses sont moins simples, comme d'habitude. A en croire le site du Point, la compagnie n'est qu'indirectement frappée d'interdiction. Ce sont les autorités indonésiennes, qui sont jugées incapables de superviser les transporteurs aériens, lesquels sont donc tous black listés a priori, à moins qu'ils ne parviennent directement, par eux-mêmes, à convaincre Bruxelles que leurs avions sont sûrs. Sans doute les limiers de France 2 savaient-ils tout cela, et ont-ils jugé inutile d'embêter les téléspectateurs, et de gâcher la fête, avec cette histoire de liste noire. Sûrement. Comment en douter ? De la même manière, tiens, que le soir de l'élection du pape, ils avaient jugé inutile d'embêter le monde avec ces vilains souvenirs de dictature, préférant broder inlassablement sur la pieuse légende du cardinal qui prend le bus.

Insupportable ballet des étouffeurs et des alarmistes. Tout se passe comme si s'était conclu un Yalta implicite de l'information, aux uns les versions officielles lénifiantes, l'info des palais, aux autres les questions qui fâchent, les cris "au loup", cris d'autant plus stridents que les silences pujadiens sont plus assourdissants. Peut-être, en effet, Barthès en fait-il trop, en faisant passer la flotille de Lion Air pour une escadrille de poubelles. Peut-être, ici par exemple, en avons-nous trop fait, en insistant trop sur les "années de plomb" du nouveau pape, sur la base de témoignages encore fragmentaires, et d'une histoire encore incertaine. Mais nous y sommes d'autant plus attentifs que l'on semble vouloir nous le cacher. Est-ce les uns qui n'en font pas assez, ou les autres qui en font trop ? Y a-t-il, entre les deux systèmes, compétition ou complémentarité ? Cette schizophrénie est-elle viable à long terme ? Pourquoi semble-t-il si difficile d'imaginer une synthèse des deux systèmes ? Ce qui est certain, dans cet écosystème pervers, c'est que les uns nourrissent les autres.

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