UE : contrôle des journalistes ? (Daily Telegraph)
The Daily Telegraph rend compte d’un rapport d’experts de "haut niveau" issus du groupe sur la liberté et le pluralisme des médias dans l'UE, avec notamment Vaira Vike-Freiberga, ancienne présidente de la Lettonie et Herta Däubler-Gmelin, ancienne ministre allemande de la justice. Le document préconise d’instaurer un contrôle accru des médias par des instances de supervision nationales qui rendraient compte à la Commission. Un rapport commandité par Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la stratégie numérique, suite au scandale "News of the World".
Que dit le rapport ? "Tous les pays de l'UE devraient disposer de conseils des médias indépendants dont la composition serait équilibrée sur le plan politique et culturel et diversifiée sur le plan social. Les nominations dans ce cadre devraient être transparentes et des systèmes d'équilibre des pouvoirs devraient être prévus à cette fin dès le départ. Ces organismes seraient compétents pour enquêter sur des plaintes, tout comme un médiateur des médias, mais seraient également chargés de vérifier que les organisations du secteur des médias ont publié un code de conduite et ont révélé les informations relatives à leurs propriétaires, déclaré les éventuels conflits d'intérêts, etc" explique le rapport (fichier PDF) rédigé sous la direction de Vike-Freiberga.
Mais ce qui chagrine le Telegraph c'est que le rapport ouvrirait la voie à des amendes - voire des licenciements - à l'encontre des journalistes."Les conseils des médias devraient disposer de réels pouvoirs d'exécution et, ainsi, pouvoir imposer des amendes, rendre des injonctions de publier ou de diffuser des excuses, ou priver un journaliste de son statut. Les conseils des médias nationaux devraient respecter un ensemble de normes de portée européenne et faire l'objet d'un suivi par la Commission, qui veillerait à ce qu'ils respectent les valeurs européennes", peut-on lire dans le document. Par ailleurs, le quotidien donne la parole au député conservateur Douglas Carswell selon qui ce rapport illustre "le genre d’état d’esprit que je m’attendrais à rencontrer en Iran pas en Occident. Cette idée loufoque nous en dit un peu plus quant au futur de la réglementation de la presse. Elle laisse entendre que le projet européen est finalement incompatible avec la notion d’une société libre".
De fait, le texte est un peu plus nuancé que l'interprétation faite par le Telegraph. Il réaffirme notamment le droit inaliénable des journalistes à la protection des sources et recommande un élargissement des législations nationales. Il a surtout été instrumentalisé outre-manche par les eurosceptiques.
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous