Paperman de Disney, ou la copie tranquille
Brève

Paperman de Disney, ou la copie tranquille

Paperman est un court-métrage d'animation des studios Disney réalisé en 2012. Il passe, dans les salles de cinéma étazuniennes, en première partie d'un film d'animation de long métrage, Wreck-It Ralph (Les Mondes de Ralph). Paperman, qui mélange dessin animé traditionnel et imagerie 3D, vient d'être nommé aux Oscars. Le 30 janvier dernier, les studios Disney l'ont mis en ligne sur Youtube.


C'est très joli, très poétique, admirablement réalisé, et ça raconte l'histoire d'un employé de bureau des années 40 à New York qui essaie de se faire remarquer d'une jeune femme, employée dans l'immeuble d'en face, en lui envoyant des avions en papier pliés dans des formulaires.


Sauf que problème : Paperman ressemble énormément à Signs, un court-métrage néo-zélandais sorti en 2009 signé Patrick Hugues, visible par là.


Signs est un film publicitaire de douze minutes réalisé pour Schweppes mais ça ne se voit pas sauf un plan où le héros siffle une boutanche de ce soda, il raconte l'histoire d'un employé de bureau qui remarque une employée de bureau dans l'immeuble d'en face. Les deux vont communiquer en brandissant des mots écrits au stylo feutre au dos de formulaires :


Si le scénario n'est pas exactement le même, les point de convergence sont très nombreux. Passons-les en revue.

Paperman commence presque dans un métro (sur le quai de la station, exactement, une station inspirée par celle de Cortland Street sur la 9e avenue) :


Signs commence (presque) dans un métro :


Le héros de Paperman s'ennuie dans son boulot de gratte-papier :


Le héros de Signs s'ennuie dans son boulot de gratte-papier :


Le héros de Paperman remarque la jeune femme dans l'immeuble d'en face (il l'a déjà vue sur le quai du métro) :


Le héros de Signs remarque la jeune femme dans l'immeuble d'en face (il ne l'a jamais vue auparavant) :


Le héros de Paperman essaie de se faire remarquer d'elle en envoyant des avions en papier pliés dans des formulaires :


Le héros et l'héroïne de Signs communiquent en brandissant des mots écrits au dos de formulaires :


Le scénario n'est pas tout à fait identique, donc. Mais à l'antépénultième plan du film, le héros de Paperman retrouve la jeune femme qui tient un formulaire dans ses mains :


À l'avant-dernier plan du film, le héros de Signs retrouve la jeune femme qui tient un formulaire dans ses mains :


Les deux héros de Paperman se retrouvent face à face dans le plan final :


Les deux personnages de Signs se retrouvent face à face dans le plan final :


Peut-on parler de coïncidence ? Certainement pas : Signs est un film qui a été visionné des millions de fois sur Youtube, qui a été primé à Cannes en 2009 au festival du film publicitaire, c'est une bobine très célèbre (voir par là la présentation qu'en fait le groupe Publicis).

Peut-on parler de plagiat de la part de Disney ? Pas exactement : si l'histoire est identique au début et à la fin, si les images se ressemblent fortement, le milieu de l'intrigue est différent. Disney est un pro du pillage, on ne va pas le coincer là-dessus. Bah ! de toute façon, ses évidents plagiats antérieurs n'ont jamais été sanctionnés, alors c'est pas la peine de s'énerver pour si peu.

Citons-en quelques-uns pour la forme : Le Roi Lion copié sur le manga Le Roi Leo d'Osamu Tezuka ; Atlantide, l'empire perdu copié sur la série de dessins animés Nadia et le secret de l'eau bleue de Hideaki Anno ; Le monde de Nemo copié sur un projet de dessin animé signé Franck Le Calvez qui en fera finalement un album pour enfants, Pierrot le Poisson-Clown ; sans oublier Le monde de Ralph - dont il fut question plus haut - inspiré par un court-métrage intitulé Mauvais Rôle, réalisé en 2007 par des élèves de l'école de cinéma ESRA de Rennes.


Dormez tranquilles, bonnes gens, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des petits mickeys qui bougent à l'écran.

CADEAU BONUS

Signalons deux plans de Paperman qui sont des citations d'un court-métrage intitulé Manhatta, réalisé en 1921 par Charles Sheeler et Paul Strand :

Le métro aérien vu du ciel dans Paperman

Le métro aérien vu du ciel dans Manhatta

Une vue de Wall Street (?) dans Paperman

Une vue de Wall Street dans Manhatta

 

Mise à jour, 14 heures.
Une aimable @sinaute me signale un film d'animation français intitulé Paroles en l'air, réalisé en 1993 par Sylvain Vincendeau. Il  a peut-être été vu, lui aussi, par les Disneymen… C'est par là.


L'occasion de lire ma chronique intitulée Dominique le crocodile ou la perversité du pouvoir dans laquelle il est fortement question de Heinrich Kley, dessinateur allemand de la fin du XIXe siècle qui lui aussi fut largement pompé par Disney.

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