Mourir de rire pour le Rafale
Brève

Mourir de rire pour le Rafale

Jamais contents. J'en entends qui chipotent.

Qui se demandent déjà combien elle va coûter, la guerre du Mali. Mais ça rapporte, aussi. Ou ça pourrait rapporter. Tiens, cette dépêche d'hier. L'Inde, figurez-vous, pourrait commander 189 avions Rafale. 189 d'un coup. Evidemment, c'est au conditionnel. Les Rafale que le Brésil devait nous acheter, tope là, n'ont pas encore été commandés. Mais enfin, 189. On imagine l'extase à la maison Dassault. Quel rapport ? demanderez-vous. Aucun, apparemment. Sauf que le rédacteur de la dépêche en voit un, de rapport. Il écrit incidemment (lisez bien) "alors que le Rafale était engagé dans des opérations de guerre au Mali". Aucun rapport, bien entendu. On imagine volontiers que l'emplette de 189 Rafale n'est pas un achat coup de coeur, tu les vois en vitrine, tu craques, c'est tellement mignon. Mais tout de même. Elle ne peut pas faire de mal au commerce, cette petite sortie, en période de soldes.

Un qui apparemment le sait bien, c'est un nommé Hollande, François, chef de guerre (avec lourd manteau, héritage capétien, et bivouac à l'Elysée). En visite en début de semaine à Abu Dhabi, le chef des armées s'est entretenu avec un pilote de Rafale (les Rafale stationnés à Abu Dhabi pourraient être mobilisés au Mali). Et lui a tenu le discours suivant: "Il faudra leur montrer (aux Emirats) toutes les qualités du Rafale (...) C'est aussi un élément très important de votre mission: montrer que les matériels français sont les plus performants. Merci pour votre double mission, à la fois opérationnelle et...commerciale".  Qui rapporte ce dialogue ? Le Canard enchainé de cette semaine, page 2. C'était mercredi. Jusqu'à ce matin, aucune réaction notable nulle part. Vous me direz que toutes les citations hebdomadaires de la page 2 du Canard sont par nature invérifiables. Jamais confirmées, jamais démenties. C'est vrai, ce qui ne signifie pas qu'elles sont fausses.

Dans l'émission de cette semaine (exceptionnellement enregistrée dès hier soir) j'ai soumis cette citation à nos invités, tous familiers des arcanes de la Françafrique. Aucun d'eux n'a sursauté d'indignation. "Il devait plaisanter, il est comme ça" a avancé l'un deux, un peu éberlué tout de même, après le plateau. Bien sûr, que c'est une plaisanterie. Extrêmement drôle. Toutes les armées de la Françafrique s'en tiennent encore les côtes. Et les terroristes recrutés comme auxiliaires de démonstration. Et Dassault, dans son hôtel particulier. Et Le Figaro tout entier. D'ailleurs, je ne sais pas si vous lisez Le Figaro (ou plutôt, je sais que vous le lisez peu), mais Hollande est devenu le héros du journal. Long portrait, apologies du calme, du sang-froid, de la détermination de l'homme de guerre, la semaine prochaine le poster. Pour une fois qu'on a l'occasion de rire.

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