Entre deux reportages sur le drame des accidents de pétards du 1er janvier, David Pujadas liste les répercussions en chaîne de l'effondrement, dans tout le secteur automobile "au sens large", avec des chiffres que l'on devine en provenance directe de la chambre syndicale des constructeurs automobiles.

Attention, frémissons ensemble

Quant au Monde, après une longue enquête, il a trouvé les causes de l'effondrement : les Français ont moins d'argent à consacrer à la voiture (car imaginez-vous qu'ils en consacrent davantage à leur logement, dont le coût est en hausse). Ils en changent donc moins souvent, et achètent d'occasion. Et le journaliste du Monde de signaler incidemment une autre cause possible de la baisse des achats : les constructeurs ont multiplié, dans les voitures, le nombre de gadgets électroniques inutiles, pour maintenir un niveau de prix soutenu. Ils vont donc (nouvelle catastrophe) devoir s'adapter à la demande.

Est-ce un mal ? Pour les emplois concernés, et les familles concernées, à première vue, oui. Mais après tout, à plus long terme, pourquoi la durabilité ne créerait-elle pas autant d'emplois que l'obsolescence savamment programmée ? Et pour l'ensemble de la société, garder sa voiture (ou son smartphone) cinq ans au lieu de trois ans et demi, est-ce une régression insoutenable du niveau de vie ? Le conducteur occidental du XXIe siècle ne peut-il vraiment pas se passer de la caméra embarquée sur le pare-chocs arrière, qui l'aide à effectuer des créneaux harmonieux ?

De toutes façons, une certaine baisse du niveau de vie est inévitable. Même si l'on fait tout pour ne pas le voir, même si ce type de reportage de France 2 contribue efficacement à nous rendre myopes, notre niveau de vie devra baisser dans les décennies qui viennent, comme le rappelle mon confrère Hervé Kempf, du Monde, dans un livre à paraître ces jours-ci, et au titre éloquent : Fin de l'occident, naissance du monde. La généralisation du standard de vie occidental à l'ensemble de la planète serait écologiquement insoutenable. Il devra donc baisser, d'une manière ou d'une autre, pour que chacun en ait sa part. La seule question qui nous occupe ici est de savoir si Pujadas nous aidera à le voir, et à découvrir de nouvelles satisfactions dans la "frugalité heureuse", que prône Pierre Rabhi, ou nous condamnera à regarder l'avenir dans le rétroviseur.