Du fillonnisme inconscient, et de ses racines
Brève

Du fillonnisme inconscient, et de ses racines

C'est grave, docteur ?

Au dixième jour, lémédias dégainent les médecins. Le Grand journal a convié un psy, prié de délivrer son diagnostic sur les duettistes de l'UMP. Et sur France Inter, Hélène Jouan sollicite Bernard Accoyer, non pas l'ancien président de l'Assemblée, mais l'ORL qu'il est aussi, ("les oreilles, c'est pas très loin du cerveau" explique-t-il) de passer au scanner le cerveau des forcenés. Sans vouloir nous vanter, on était sans doute les premiers à insister sur l'aspect médical de l'affaire, et je ne saurais trop vous conseiller de regarder la chronique de Sébastien Bohler, sur Copé, ce "punisseur altruiste".

Tiens, à propos des mystères du cerveau, une bizarrerie. Prenons un propriétaire de cerveau non adhérent à l'UMP, penchant plutôt à gauche, qui, a priori, n'a aucune raison de manifester une préférence entre Copé et Fillon. Exposons-le au feuilleton. Que constatera-t-on ? Qu'il se surprendra, secrètement, presque malgré lui, à l'insu de son plein gré, à ressentir de l'empathie pour Fillon. D'ailleurs, même si l'on serait bien en peine de le démontrer scientifiquement, parce que cela tient à l'emploi d'un adjectif plutôt que d'un autre, à la sélection de telle information plutôt que de telle autre, la tonalité médiatique générale, me semble-t-il, est plutôt filloniste.

Exemple. Une dépêche de l'AFP affirmait hier soir, sur la foi de "sources concordantes", que Sarkozy serait favorable à un nouveau vote, position servant évidemment Fillon. Et tout le petit monde commentateur de reprendre dans la minute. A la lecture, ce matin, de l'article du Figaro, signé du sarkologue hors catégories Charles Jaigu, la position de l'Ex est bien plus tortueuse. Certes, lors de leur déjeuner d'hier (le best of ici) il aurait concédé à Fillon qu'il faudrait revoter, mais pas tout de suite, car "Jean-François n'acceptera jamais". Plus tard, bien plus tard, quand les choses se seront apaisées, c'est à dire jamais. Mais bizarrement, cette nuance dans la position prêtée à Sarkozy a été bien moins reprise que la dépêche AFP plus "fillonnienne".

Pourquoi ? Quels pourraient être les ressorts de cette préférence inconsciente ? Politiques ? Cela n'aurait aucun sens. Tous deux ont soutenu, porté jusqu'au bout, la politique de Sarkozy, et la politique effective d'un président Fillon aurait sans doute bien peu de différences avec celle d'un président Copé. Stratégiques ? Stratégiquement, par exemple, un électeur socialiste devrait plutôt se réjouir de voir une UMP copéïenne, qui dégagera au PS un boulevard électoral. À l'inverse, une UMP filloniste, elle, ouvrirait un espace plus large au FN. Bref, il faut bien en revenir, faute de mieux, à de bêtes facteurs humains, à l'image "humaine" que dégage chacun des deux : Copé, on ne l'aime pas. Point final. Ce qui, on en conviendra, est un peu court pour argumenter une préférence. Mais le coeur a ses raisons.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.