Amiante : Aubry dans la tenaille
Brève

Amiante : Aubry dans la tenaille

Martine Aubry mise en examen dans le scandale de l'amiante:

qui dépassera ce simple titre, parmi ceux qui auront entrevu la maire de Lille, ancienne première secrétaire du PS, à sa sortie du tribunal, entre deux images triomphantes d'Obama (quelle surprise!) réélu ? Aubry en examen, et pour homicides involontaires: une de plus, qui proteste de son innocence bien entendu, mais pas de fumée sans feu, tous les mêmes, responsables mais pas coupables, on connait la chanson.

Quelle proportion de télespectateurs iront au-delà du titre et de l'image ? Liront par exemple l'excellente rétrospective de Libé ? Sauront que Aubry n'est pas mise en examen pour ses fonctions de maire, de première secrétaire, ni même d'ancienne ministre, mais pour ses fonctions plus anciennes de directrice des relations du travail au ministère du travail, entre 1984 et 1987 ? Et pour deux motifs principaux: il lui est reproché d'avoir tardé à transcrire dans le droit français une directive européenne protectrice contre l'amiante; il est reproché à son bras droit de l'époque d'avoir participé à des réunions avec des industriels de l'amiante, réunions ayant eu pour but de tenter de retarder l'interdiction totale de l'amiante en France (et Aubry assure qu'elle a toujours tout ignoré de ces réunions). Autrement dit, elle n'est qu'un des rouages, parmi bien d'autres, du retard de la prise de conscience française. Ce qui n'empêchera sans doute pas le scandale de l'amiante, à partir d'aujourd'hui, de devenir pour beaucoup l'affaire Aubry.

Justice, politiques, et scandales de santé publique: comment ne pas penser au précédent de l'affaire du sang contaminé ? Jugé en 1999, Laurent Fabius a été finalement relaxé par la Cour de Justice de la République. Il a été judiciairement avéré que l'ex-Premier ministre n'avait pas retardé la mise sur le marché français d'un test américain de dépistage du virus du SIDA, dans le but de favoriser un test français. N'empêche que l'infâmie lui a longtemps collé, lui colle encore à la peau. Mais que faire ? Pas question, pour un juge d'instruction, de laisser échapper les gros poissons. Pas question pour la machine médiatique de passer l'événement sous silence. La tenaille médiatico-judiciaire est implacable, mais irréprochable. Il est impossible d'y échapper: pas d'autre solution que de faire face, et se défendre. A chacun ses risques professionnels.

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