Ce n'est pas difficile: n'écumez pas les pages de Voici ou de Gala, elle était détaillée dans Le Monde magazine de ce week-end (accessible aux abonnés). Ah, il fallait chercher un peu. L'article était sobrement titré "Le mystère Desseigne", du nom du patron du groupe de casinos Barrière, que Dati assigne en reconnaissance de paternité. Il est vrai que les tweets promotionnels envoyés par Le Monde ("Face au tourbillon Dati, un ex-amant reste placide") étaient plus francs, et plus vendeurs.

Voici quelques semaines, toujours dans Le Monde magazine, on pouvait tout apprendre sur les déchirements internes de l'ex- groupe Téléphone, déchirements interdisant pour l'instant un retour sur scène, qui serait pourtant très rentable. L'enquête bénéficiait notamment des informations de la bassiste du groupe, Corine Marienneau, avec révélation au passage de ses anciennes liaisons avec deux musiciens du groupe. A les lire attentivement, la recette des deux enquêtes semble la même: s'introduire, par le biais d'un avocat, dans un dossier judiciaire impliquant des people. Et écrire un article qui, discrètement, subtilement, par petites touches, sert la cause du client de cet avocat (Desseigne, Marienneau). La recette est déclinable à l'infini. Le magazine du Monde tient là le jackpot, qui pourrait contribuer à redresser les finances du journal.

Pourquoi pas ? Si ces sujets intéressent des lecteurs (et l'honnêteté oblige à reconnaitre que j'ai dévoré ces deux cover stories jusqu'à la dernière ligne), pourquoi ne pas les traiter ? Aucun secteur de la vie artistique, économique, sociale, ne devrait être à l'abri de ces enquêtes d'investigation au long cours, dont la presse française traditionnelle est incompréhensiblement si avare (l'auteur du "mystère Desseigne", Stéphanie Marteau, avait par exemple publié début septembre un papier passionnant sur l'usage du portable en prison). Pourquoi laisser le monopole de ces flâneries à la revue XXI ? Simplement, on aimerait que le même luxe de moyens soit parfois appliqué à d'autres sujets. Par exemple, tiens, on pourrait raconter la saga de l'ancien préfet de Loire Atlantique Bernard Hagelsteen, celui-là même qui avait préparé l'avis d'appel public à la concurrence de Notre-Dame-des-Landes, et qui s'est recasé chez Vinci (notre dossier Notre-Dame-des-Landes est ici). C'est certainement une très grande, très belle, aventure humaine. Ou bien, faire vraiment l'enquête sur l'arrestation et la remise à l'Espagne de la militante basque Aurore Martin. Que savait vraiment Valls, qui assure n'avoir "pris aucune décision", tout en reconnaissant avoir été "informé" ? Comment a-t-il employé son week-end, minute par minute ? A-t-il été influencé par sa femme ? Ce sont deux idées parmi bien d'autres.

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