Un moment pour le droit de vote
Brève

Un moment pour le droit de vote

Accorder le droit de vote aux étrangers ?

C'est compliqué. Très compliqué. Et surtout, ce n'est pas le moment. Vraiment pas. A un autre moment, on n'aurait rien contre. Mais là, maintenant, non. Valls l'a dit. Et le 20 Heures de France 2 le répète, lundi soir. Ce droit de vote des étrangers, c'est "un boulet" pour le gouvernement. Car en période de crise, les gens ont peur de l'étranger. C'est la nouvelle préposée de France 2 à la politique intérieure, qui l'explique, sur le plateau, à côté de Pujadas. Elle s'appelle Nathalie Saint-Cricq.

Pour le droit de vote des étrangers, ce n'est jamais le moment, on le sait. Mais là, spécialement, ce soir, c'est encore moins le moment que d'habitude (où ce n'est déjà pas le moment). Pourquoi ? Mais enfin, vous n'avez pas regardé la télé ? Cette manifestation de salafistes, place de la Concorde, devant l'ambassade américaine. Quel rapport entre le droit de vote des étrangers et la manif devant l'ambassade ? Aucun. Elle-même, Saint-Cricq, le reconnait au détour d'une phrase. "C'est une autre histoire, mais ça peut nourrir cette peur" dit-elle (la peur des gens. Pas d'elle-même, hein, qui fait la part des choses, mais celle des gens, qui mélangent tout). Ces images dont parle Saint Cricq, ce sont celles que France 2 a choisi de montrer, en ouvrant son journal de la veille sur cette manifestation non autorisée de 250 personnes. Elles se sont mêlées aux images des drapeaux brûlés à l'étranger. Sans que presque jamais les télés ne rappellent, comme le note notre enquête, le nombre des manifestants, dans ces capitales arabes à feu et à sang (quelques centaines, le plus souvent). Quant à ceux de la Concorde, on ne sait pas grand chose d'eux. On ne sait pas s'ils étaient français ou étrangers, s'ils étaient salafistes, demi-salafistes, ou quart de salafistes. On ne sait rien. Mais on sait que pour le droit de vote, ce n'est pas le moment.

Ce qui manque, à ce moment-là, sur le plateau de France 2, c'est un (e) journaliste. Qui pourrait développer le "c'est une autre histoire" de Nathalie Saint Cricq, commentatrice ès-moments. Qui pourrait expliquer longuement en quoi, justement, "c'est une autre histoire". Et même, soyons fous, se demander si, ces images exerçant sur l'opinion un pouvoir tel qu'elles peuvent la faire basculer sur "une autre histoire", il était bien judicieux d'ouvrir la veille le journal de 20 heures sur un flash mob de 250 personnes devant l'ambassade américaine en France. Mais on ne serait pas au 20 Heures de France 2.

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