Draghi : la presse allemande majoritairement furieuse
de racheter de manière illimitée les obligations des Etats européens en difficulté (sous réserve qu'ils réforment leur économie). Mais la presse économique est moins sévère.
"Une pente glissante : la BCE achètera les obligations des Etats de manière illimitée", titre Die Welt avec une photo de Mario Draghi. "Les marchés financiers applaudissent la mort de la Bundesbank. Le président de la BCE, Mario Draghi, va à l'encontre des principes d'airain de la politique monétaire allemande. La banque centrale investira de manière illimitée. Les marchés apprécient, mais pour l'Allemagne, le cauchemar commence", estime Die Welt.
"Un sauvetage de l'euro à tout prix pourrait être un désastre économique", avertit Süddeutsche Zeitung, qui considère que la BCE a franchi la ligne rouge, et viole les traités européens : "Il est inacceptable que la BCE ( ...) qui n'est pas une institution démocratiquement élue décide comment l'Europe va vivre."
"La Bundesbank critique ouvertement la décision de la BCE", souligne Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Il n'y a plus de différence entre la politique monétaire et la politique budgétaire", s'alarme le journal, tout en reconnaissant "l'optimisme des marchés financiers".
"Vous n'allez pas guérir l'euro M. Draghi, vous allez le rendre encore plus malade", pronostique le très populaire Bild. Le plus diffusé des quotidiens allemands parle de "chéque en blanc pour la dette des Etats".
Pour sauver l'euro, "ce n'était certainement pas la voie la moins coûteuse, ni la plus rapide ou la plus démocratique. Mais compte tenu des institutions existantes c'était peut-être la seule", note beaucoup plus modérément Tagesspiegel, en soulignant qu'Angela Merkel, qui était en voyage en Espagne ,"a réagi avec prudence" sans faire de commentaire négatif. Elle a simplement déclaré que "la BCE agit dans le cadre de son indépendance et de son statut". Le quotidien rappelle toutefois que 73% des Allemands estiment que ce sont eux qui vont payer pour la crise de l'euro.
La presse économique semble, elle aussi, plus favorable à la décision de la BCE.
"Mario Draghi est injustement impopulaire", regrette justement le Financial Times Deutschland, qui constate que "les relations entre Mario Draghi et l'Allemagne sont pour le moins tendues" alors que "sa politique est sage et prudente".
Autre exemple, signalé par Business Insider et remarqué par LaTribune.fr , avec un des rédacteurs en chef du quotidien économique Handelsblatt. Olaf Storbeck écrit sur son compte Twitter : "La presse allemande devient folle à propos de Draghi" avant de citer des journaux : "Jour noir pour la démocratie" "la mort de la Bundesbank" " prisonnier des politiques" "extrêmement dangereux".
Faut-il féliciter Mario Draghi pour son choix ? L'éconaute se pose la question ici.
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