Brève Vidéo

Un criminel nazi pas si "recherché" que ça ?

Laure Daussy

20 juillet 2012 Maj: 20 juillet 2012

"Le criminel nazi le plus recherché du monde."

C'est ainsi que les JT et les journaux ont tous présenté Laszlo Csatary, repéré puis arrêté à Budapest la semaine dernière. Mais était-il vraiment si recherché ?

Qui était Laszlo Csatary ? Il s'agit du le chef de la police du ghetto juif de la ville slovaque de Kosice, où 15 700 juifs avaient été assassinés ou déportés vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, en Pologne. D'après des documents d'archives du Centre Simon-Wiesenthal, cités par l'AFP, Laszlo Csatary a traité cruellement les juifs du ghetto, fouettant les femmes et leur faisant creuser des tranchées à mains nues.

Résumé unanime des JT : "Le criminel nazi le plus recherché au monde"

L'expression fait aussi le bonheur des sites d'info :

C'est l'AFP qui a utilisé dans toutes ses dépêches (reprises ici sur Lepoint.fr, ou encore L'Express.fr), l'expression "criminel de guerre nazi le plus recherché". C'est certainement parce que Csatary figurait à la première place des dix criminels nazis les plus recherchés dans la liste publiée cette année par le Centre Simon-Wiesenthal, qui oeuvre dans la traque des anciens nazis. Mais il ne figurait pas dans la liste précédente, publiée en 2011, précise Le Monde.

Inconnu de Klarsfeld et Wieviorka

D'ailleurs, de ce grand criminel, Serge Klarsfeld n'avait jamais entendu parler ! Le célèbre "chasseur de nazis", président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, relativise l'importance de cette arrestation : dans une interview à l'AFP, il souligne que, personnellement, il ne connaissait pas son nom. "A mon avis, il n'avait pas de grandes responsabilités, ce devait être un comparse", estime-t-il. Si Csatary est considéré aujourd'hui comme le criminel "le plus recherché" c'est parce que, selon lui, "il n'en reste aujourd'hui que peu en fuite", et qu'ils sont "tous âgés de plus de 90 ans". "Il y a 30 ans, il aurait été le 3.500e sur la liste", précise-t-il aussi à Europe 1.

L'historienne Annette Wieviorka explique aussi au NouvelObs.com qu'elle "ne connaissait pas" ce criminel nazi. "D'après ce que je lis, il a eu la responsabilité d'un ghetto, y a été particulièrement violent, et porte sur sa conscience la mort de quelque 15 000 Juifs. Il a d'ailleurs été condamné dans l'après-guerre et a réussi à se soustraire au jugement. Ce n'est pas rien mais ce n'est pas non plus Eichmann : nous n'avons pas affaire à quelqu'un de haut placé dans la hiérarchie nazie, qui aurait eu une responsabilité élevée dans la mise en œuvre de la solution finale." Pour l'historienne, si on en parle de cette manière dans la presse, c'est aussi "du fait de cette conjonction particulière, puisqu'on commémore les 70 ans de la rafle du Vel' d'Hiv'.