Déontologie : code signé par l'école d'économie de Paris
Brève

Déontologie : code signé par l'école d'économie de Paris

Et de trois ! Après l’école d'économie de Toulouse (TSE) et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), au tour de l’école d'économie de Paris (PSE) d’adopter une charte de déontologie comme nous l’apprend aujourd’hui Laurent Mauduit, journaliste à Mediapart (accès payant).

C’est fait. Après un an de discussion, l’école d'économie de Paris s’est enfin mis d’accord le 12 juillet sur une charte de bonne conduite qui devrait être adressée (et imposée) à tous les enseignants-chercheurs dès la rentrée. Pourquoi un tel code ? L’éconaute s’est déjà penchée sur le sujet mais rien ne nous empêche de nous y intéresser une nouvelle fois.

Depuis la crise de 2007, donc, les économistes sont en effet priés de rendre des comptes sur le marasme que peu ont vu venir. Parmi les raisons invoquées pour expliquer la faillite d’une communauté, certains ont pointé l’accointance d’une poignée d’universitaires avec les postes dans le privé, créant ainsi des conflits d’intérêts qui ne poussent pas à la clairvoyance. Des règles s’imposaient.

En France, l’école d'économie de Toulouse est la première à adopter un code éthique en janvier, suivie en avril par l’Observatoire français des conjonctures économiques. Si ces deux codes ont le mérite d’exister, ils font néanmoins le service minimum surtout si on les compare avec le code éthique adopté par l’American Economic Association (AEA) qui, en sept points, imposent des règles contraignantes.

Interrogé à l’époque par l’éconaute, Romain Rancière, membre de l’école d'économie de Paris et grand défenseur d’une charte de déontologie ambitieuse, mettait la barre assez haut, notamment en matière de transparence : "qu’un chercheur touche 5000 euros ou bien 150 000 de la part d’une entreprise privée, les enjeux sont différents. Dans notre code, on voudrait instaurer des tranches, de 5000 à 10 000 euros, de 10000 à 50 000 euros, etc." Rancière a-t-il eu gain de cause ? Oui d’après Laurent Mauduit, qui publie la charte en intégralité sur le site de Mediapart.

En effet, le point 2 stipule que "tout membre s’engage à déclarer à la direction de la Fondation toute source de rémunération annexe supérieure à 5.000 euros, et à préciser pour chacune d’entre elles où se situe cette rémunération dans les deux intervalles suivants: (i) de 5.000 à 25.000 euros par an, (ii) plus de 25.000 euros par an." Mauduit se réjouit de voir l’école s’imposer aussi un souci de transparence sur le financement des chaires d’enseignement et d'affirmer noir sur blanc que "toute contribution à la dotation de la Fondation ne sera acceptée que si elle respecte ce même principe de non-ingérence du donateur dans les programmes de recherche de PSE-Ecole d'économie de Paris et les conclusions obtenues par ses chercheurs."

Mais pourquoi PSE a mis autant de temps avant de se mettre d’accord sur une charte (adoptée, selon Mauduit, "avec beaucoup d’enthousiasme") ? Pour le journaliste de Mediapart, le cas de Daniel Cohen n’aurait pas facilité une rédaction rapide de cette charte. Professeur à PSE, spécialiste des dettes souveraines, membre du conseil de surveillance du journal Le Monde, l’économiste travaille également pour la banque Lazard. Matthieu Pigasse, patron de la banque, s’est en effet entouré des talents de Daniel Cohen pour offrir (ou vendre plutôt) ses services au gouvernement grec qui, comme vous le savez, à un petit problème de dette. Entre son poste d’enseignant et son poste dans le privé, le cas de l’économiste était emblématique de cette question du conflit d’intérêts. Pour Mauduit, "beaucoup d’économistes [de l’école d'économie de Paris] ont voulu avancer vers une charte éthique et rappeler Daniel Cohen à ses obligations, mais sans lui faire violence." Une prudence qui visiblement a exigé du temps.

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