Rocard et sa bombe
Brève

Rocard et sa bombe

Ah, si l'on n'avait pas Rocard !

Qui d'autre que lui, avec états de service équivalents, pourrait balancer innocemment l'idée de supprimer la dissuasion nucléaire ? Certes au prix d'une légère erreur sur les chiffres (la dissuasion coûte seize milliards sur cinq ans, et non par an), mais on n'est pas à ces détails près. Que l'on supprime la dissuasion si l'on veut, mais que l'on garde Rocard, le plus longtemps possible.

Dans l'épisode, le plus intéressant est d'examiner à la loupe les arguments opposés, qui ont immédiatement proliféré. Ils sont de deux ordres. D'abord, le monde est instable (suivez mon regard vers l'Iran). Cet argument-là, qui a toutes les apparences du bon sens (qui pourrait soutenir que "le monde est stable" ?) est invérifiable. Que veut l'Iran ? Que peut-il ? Personne n'en sait rien. Mais le second argument est plus intéressant. C'est la dissuasion, qui permet à la France de "peser sur la scène internationale" a répliqué, classiquement, l'UMP Christian Jacob. Et le nouveau ministre socialiste de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dit exactement la même chose: c'est la dissuasion qui donne à la France "le poids politique nécessaire". Qu'importe si ce sont les mêmes, ou leurs camarades de parti, qui déplorent hors-caméra l'absence d'une défense européenne, qui permettrait de mutualiser les coûts du zinzin (et de ce point de vue, l'ultra-européen Bernard Guetta a été cohérent avec lui-même, en soutenant Rocard ce matin sur France Inter). Autrement dit, la France est un pays qui en a. Taureau parmi les boeufs, elle ne se laissera pas mener à l'abattoir. Qu'elle renonce à sa dissuasion, et alors s'offrira à elle la voie morose de la portugalisation, un destin d'eunuque.

Nous connaissons donc exactement le prix d'une mythologie nationale. Ce que "pèse" la France, politiquement, de Copenhague à Los Cabos, en passant par Rio, on le mesure partout ces jours-ci. Quand Sarkozy parle à Copenhague, ou Hollande à Rio, c'est l'ombre virtuelle du champignon français, qui donne à leurs paroles l'impact mondial que chacun peut immédiatement constater. Et il faut voir aussi comme tremblent la Chine et la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU quand la France, jûchée sur ses sous-marins nucléaires, son Foudroyant, son Tonnant, son Redoutable, et j'en oublie, les somme de lâcher Assad en Syrie. Cela vaut bien seize milliards (surtout sur cinq ans).

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