Thibault, le forcené de la CGT
Brève

Thibault, le forcené de la CGT

Si vous me voyiez, depuis trois jours: je surfe comme un malade, pour tenter de comprendre ce qui se passe à propos de la succession de Bernard Thibault à la CGT.

Chacun ses vices. Mon historique Google n'est plus un historique, c'est un annuaire de l'état-major du syndicat: Thibault, Nadine Prigent, Agnès Naton, Eric Aubin, etc. Eh bien, croyez-moi ou non: aucun journaliste français ne semble véritablement savoir. L'article le plus représentatif de la tonalité générale est celui-ci, signé Michel Noblecourt, du Monde. Thibault y est décrit comme une sorte de forcené, sujet à une incompréhensible "obstination", mû par une "volonté de passer en force", tentant d'imposer sa volonté à une commission "composée à sa main" pour imposer la successeure qu'il s'est choisie, Nadine Prigent. Résultat: "il a totalement manqué sa sortie, et les dégâts sont considérables", etc. Je vous laisse lire la totalité de l'article.

Quels enjeux de fond, sous cette bataille obscure ? S'agit-il des séquelles tardives de la guerre entre "ouistes" et "nonistes", quand le "Parlement" de la CGT avait obligé Thibault à appeler à voter non au référendum sur le TCE de 2005 ? Les dirigeants du syndicat sont-ils divisés sur la ligne à tenir face au nouveau gouvernement de gauche ? Pas un seul indice, nulle part, ne laisse penser que ces graves questions soient un enjeu de la guerre de la succession. La CGT n'est pourtant pas un trou noir médiatique. Les grandes rédactions nationales comptent encore quelques spécialistes éminents du sujet. De ce silence, le matinaute est donc prié de tirer la seule conclusion qui s'impose: les spécialistes du syndicalisme devraient transmettre d'urgence le dossier aux rubricards médicaux, seuls capables de décrypter la situation.

Ah si pourtant, un indice. Dans l'article ci-dessus, vers la fin, Noblecourt rappelle en quelques mots que le forcené "apparaît toujours décidé à ce qu'une femme lui succède". Interprétation confirmée par Annie Sugier, présidente de la Ligue pour le droit international des femmes, dans une tribune de Libé. Et Sugier de rappeler que "les deux tiers des salarié[e]s à bas salaire sont des femmes. Les femmes sont les plus touchées par la précarité, le temps partiel (80% sont des femmes), le chômage (environ 10% pour les femmes contre 9% pour les hommes), la grande pauvreté (près de 3millions de femmes contre 2millions d’hommes), la terrible condition de la vieillesse (après 75ans, 70% des pauvres sont des femmes)". Avant de conclure: "chapeau, Monsieur Thibault". Tiens tiens, mais pourquoi les rubricards sociaux estampillés des rédactions ne nous ont-ils pas rappelé ces quelques vérités ? Et accessoirement, pourquoi les mouvements féministes tout aussi estampillés, si mobilisés (à juste titre) par les photos de pub ou le quota de réalisatrices au festival de Cannes, ne soutiennent-ils pas Thibault ? Serait-ce, par le plus grand des hasards, que chacun se satisfait que le syndicalisme demeure une activité masculine par essence ? Ce n'est qu'une hypothèse, bien entendu. Démentez-moi !

(Photo Sud Ouest) Lire attentivement la légende.

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