Joly, l'impunité et la ménopause
Brève

Joly, l'impunité et la ménopause

Eva Joly aura eu au moins un mérite indiscutable:

faire émerger dans le débat les sales questions de financement des campagnes de Sarkozy, et notamment de celle de 2007. Sans elle, sans l'intruse aux lunettes rouges et vertes si incongrue dans le paysage, qui en aurait parlé ? Restera le souvenir de cet accent à dormir dehors, égrenant des gros mots (paradis fiscaux, enveloppes, faisceaux d'indices, Bettencourt) devant les yeux ronds des mediacrates qui, dans la dernière période, celle de la fameuse "stricte égalité", auront bien été obligés, en façade, de l'écouter, et pour certains, sans doute, secrètement soulagés de la voir faire le boulot à leur place.

Pour le reste, aura été démontrée une fois de plus l'incompatibilité radicale entre les singulières dispositions musicales des Verts, et l'orchestre d'une présidentielle de la Ve République, cette cacophonie de grosses caisses, de trombones, et de cymbales. C'est dommage. La jonction improbable d'une ex-juge d'instruction et du combat écologiste aurait pu faire infuser des réflexions comme celle-ci: l'impunité judiciaire que revendique un Total, affréteur de l'Erika, n'est-elle pas une cause majeure de pollution ? La question aurait mérité davantage de développements.

Le système de sélection médiatique étant ce qu'il est, il retiendra plutôt la formule-choc de la candidate, assénée aux derniers jours de la campagne: c'est en tant que "Norvégienne ménopausée" que Joly aurait été victime de discrimination. Abîme de réflexion. Le public, masculin et féminin, ne l'oublions pas, juge-t-il inconsciemment plus sévèrement des femmes sorties du "marché de la bonne meuf", comme dit Virginie Despentes ? La formule, amalgamant deux sources possibles de discrimination, brouille malheureusement la réflexion. Joly a-t-elle été desservie par son accent ? Oui et non. Oui (car forcément moins audible) et non (car susceptible de s'attirer la prime aux atypiques). Jeu à somme nulle, sans doute. Par son âge ? Ca reste aussi à démontrer. Martine Aubry (62 ans) ou Simone Veil (65 ans en 1993, quand elle re-devient ministre) ont elles vraiment été desservies, dans leur popularité, par leur âge ? Ne tranchons pas, impuissants que nous sommes, hommes et femmes, à déjouer les ruses parfois ancestrales de nos présupposés les plus enfouis.

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