"Vous prenez l'argent du contribuable et vous délocalisez." Le candidat attaque durement Dominique Guyot, le directeur du site, qui en perd ses lunettes... Pour Nicolas Dupont-Aignan, 5 millions d'aides auraient été versées à Bosal Le Rapide. "Vous plaisantez monsieur?", répond l'entrepreneur, qui évoque lui, des aides de 500 000 euros. C'est sur cette bataille de chiffres que le ton monte. Dialogue de sourds. |
Qui dit vrai ? Contacté par @si, Frederic Renaud, le directeur du développement économique du conseil régional de Champagne-Ardennes revient sur ces chiffres. Sur la période de 1997 à 2004, la région a donné 121 000 euros à l'entreprise: 82 000 euros pour financer des formations, et le reste pour réaménager le bâtiment contre des nuisances phoniques. Le Conseil Général, quant à lui, a versé 400 000 euros à l'entreprise pour l'aménagement. Nous arrivons donc à 521 000 euros financés par l'Etat. Renaud précise que ces aides étaient soumises à conditions, notamment celle de ne pas délocaliser, et que la Région s'apprête à les retirer. Contactée par @si, le conseiller de Nicolas Dupont-Aignan, Damien Lempereur - que nous avions invité dans cette émission - admet que "sa langue a dû fourcher, mais 500 000 ou 5 millions, ça ne change rien à l'affaire".
Dominique Guyot est-il pour autant un patron sans scrupules? Pas vraiment : contacté par @si, l'élu CGT du comité d'entreprise, Laurent Gerardin, présent lors de l'échange filmé, admet que "ça n'était pas forcément la meilleure personne à laquelle il fallait faire ces critiques. Dominique Guyot a vraiment servi de médiateur, c'est lui qui était le plus concerné par les problématiques sociales." Nicolas Dupont-Aignant n'en est pas à sa première visite sur le site. Il s'y était déjà rendu en novembre 2011, deux semaines après l'annonce du plan social. En février, après deux semaines de grève générale, les salariés ont obtenu une augmentation des primes de départ, et le maintien de 9 emplois de plus que ce qui avait été prévu. Laurent Gerardin explique que "c'est tout ce qu'on a pu faire : si on allait plus loin, on nous menaçait d'un dépôt de bilan".
L'occasion de revoir notre émission : "Delocalisation, protectionnisme, sus aux idées reçues!"
(Par Anna Ravix)
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