Lejaby, construction d'un conte merveilleux
: les malheureuses ouvrières d'Yssingeaux sauvées de la misère et des frimas par le luxe mondialisé, sous la bénédiction désintéressée mais diligente du président-non-candidat. On apprend ce matin que les salariées de Lejaby, donc, seront reçues dans la journée bien rôdé "Ne me félicitez pas, voyons, je n'ai fait que mon devoir d'entrepreneur", avant d'annoncer que les dividendes 2012 seraient en hausse, l'ancien licencieur et cost killer appréciant aussi "les actionnaires heureux".
Si l'affaire Lejaby a été providentielle, c'est pour Sarkozy et pour LVMH, au moins autant que pour les salariés du site. Résultats et profits en hausse, santé insolente portée par les Chinois, une presse muselée par le poids de l'annonceur, sans parler de ce documentaire lèche-bottes sur France 5, réalisé par un salarié du groupe, Guillaume Durand: le trop-plein menaçait. A la fin, sait-on jamais, ça pouvait risquer de se voir. Une si insolente domination idéologique et symbolique portait les germes de sa contestation. Arrive le sauvetage de Lejaby. Sarkozy n'aura sans doute pas eu trop de peine à convaincre son ami Arnault de la nécessité de faire un geste: Saint Sentbon et Sainte Valisedeluxe au secours des ouvrières, cela vaut toutes les campagnes de com du monde.
Imparable. Incritiquable. D'autant que le système est si sophistiqué qu'il va jusqu'à fournir, clés en main, son propre pseudo "décryptage" (ainsi cet article apparemment persifleur du site d'Europe 1, mais qui ne rappelle ni la part active prise par Elkabbach à l'édification de l'icône Arnault, ni la qualité de salarié maison de Guillaume Durand). Tout au plus, pour contrebalancer, peut-on rappeler que 350 emplois restent à sauver, dans les autres usines du groupe (après que 450 ont été supprimés dans les 18 derniers mois). Elkabbach n'a pas interrogé Arnault sur le sujet, et les ouvriers des autres sites menacés ne seront pas reçus au à l'Elysée.
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