MegaUpload : débat sur la toile
La majorité des internautes déplorent la fermeture du site. Sur Twitter, le journaliste Benoît Gallerey dramatise, avec humour, la disparition d'une référence culturelle sur Internet:
En imaginant les émeutes à la FNAC
D'autres condamnent "la police" du Net, et s'inquiètent pour la liberté d'expression.
Plus largement, la clôture du site partout dans le monde soulève des questions de fond liées à la législation d'Internet. Sur Facebook, certains utilisateurs rappellent les différences de législation selon les pays. Et déplorent qu'une décision américaine, fondée sur la loi américaine, ait des conséquences mondiales sur Internet:
Dans notre forum, certains @sinautes remarquent que la condamnation de MegaUpload pénalise certains internautes, qui faisaient un usage légal du site.
Dans le même registre, IT s'interroge: "On a des statistiques sur l'usage légal de megaupload, c'est-à-dire sur les dégats de sa fermeture sur des entreprises et particuliers qui en faisaient un usage parfaitement légitime ?" Car avant d'être un site de téléchargement, MegaUpload est avant tout une plate-forme de stockage de fichiers personnels en toute légalité. Ces fichiers pouvaient rester privés tant que leur responsable ne diffusait pas le lien permettant de les télécharger. Quant au téléchargement lui-même: il était parfois légal, comme le rappelle l'animateur de la Quadrature de Net, Jérémie Zimmermann dans une interview au Point.fr: "Je connais plein de personnes qui utilisaient Megaupload pour diffuser des logiciels ou des fichiers libres de droits. Et ça, c'est totalement licite !". Sans parler des utilisateurs qui s'étaient abonnés via un compte payant, devenu inutile du jour au lendemain.
Pour certains, la fermeture de MegaUpload prouve l'incapacité des autorités à contrôler le web de façon mesurée: un escroc est arrêté, et des millions d'utilisateurs innocents sont punis. "Il serait intéressant que des utilisateurs, ou même les gens de MegaUpload, contre-attaquent sur le préjudice commercial causé par cette attaque, notamment pour tous les utilisateurs légitimes", remarque Jérémie Zimmermann dans une interview aux Inrocks.com.
On critique... mais on ne pleure pas
Mais MegaUpload ne faisait pas l'unanimité, y compris chez les défenseurs d'un internet libre et gratuit. Sur Facebook, l'écrivain "Ayerdhal" témoigne de son cas personnel dans une lettre ouverte au titre explicite "Cessez de pleurer sur Megaupload". L'auteur, bien que favorable à "la copie et à la diffusion gratuite et bénévole de [ses] ouvrages", est hostile à "toute prise de bénéfice engendrée par la diffusion gratuite des ouvrages (par le biais de la publicité, par exemple), sans que soit reversés des droits d’auteur", qu'il considère comme du vol.
Même le site Numerama.com, traditionnellement défenseur des libertés sur le Net, note que le procureur de Virginie disposait de preuves "accablantes" contre le patron de MegaUpload, qui rémunérait les fournisseurs de contenus piratés. L'occasion pour le site d'exhumer de savoureuses photos du fondateur de l'"empire Méga".
Sur Twitter, on s'interroge: comment les Anonymous peuvent-ils soutenir cette avide société commerciale?
Le blogueur Bluetouff résume bien la situation. Sur le site Reflets.info, cet anti-HADOPI déplore "cette offensive des pro copyrights qui brident chaque jour un peu plus Internet." Comme Jérémie Zimmermann, Bluetouff déplore la réaction disproportionnée du FBI, qui a "dynamité une infrastructure sans procès". Une procédure typique de la gestion d'Internet par les pouvoirs publics, inimaginable dans d'autres domaines: "C'est comme si dans l'affaire du futur ministère de la Défense à Balard, on décidait de détruire tous les immeubles de Bouygues car il y a une suspicion de corruption".
Mais, interrogé par le Figaro.fr, il reconnaît la mauvaise réputation de MegaUpload, qui monétisait "des biens culturels qui ne leur appartenaient pas contre de la publicité ou des abonnements Premium. Une utilisation commerciale déviante qui reste la responsabilité des pouvoirs publics, qui ont choisi une politique inadaptée" selon le blogueur. En criminalisant "des échanges non-marchands basés sur le peer-to-peer" avec des lois comme HADOPI, les autorités ont contraint les utilisateurs à se tourner vers d'autres modèles: des sites de téléchargement en ligne ou de streaming, quitte à être abreuvés de publicité, et parfois devoir payer un abonnement Premium.De nombreux sites, dont MegaUpload, ont profité de cette législation, en multipliant leurs sources de revenus, sans pour autant en faire bénéficier les ayants droit.
(Par Julie Mangematin)
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