De plus en plus de fonctionnaires font des extras
Brève

De plus en plus de fonctionnaires font des extras

Pour arrondir les fins de mois, les fonctionnaires font de plus en plus d’extras :

c’est ce que révèle le nouveau rapport de la commission de déontologie de la fonction publique. Qui serait resté inaperçu s’il n’avait pas mis en lumière ce matin par Derek Perrotte, journaliste aux Echos, et par l'AFP qui dit avoir reçu copie du rapport aujourd'hui. Notons que depuis, l’info a eu beaucoup de succès car à midi elle était reprise partout, du site de TF1 à celui de Libération.

Que dit ce rapport publié mi-décembre ? Il souligne qu’en 2010 le nombre de fonctionnaires demandant d’exercer une activité en plus de leur boulot a augmenté de 60% : "Les demandes de cumul ont ainsi bondi de 60% au sein de l'Etat, de 70% dans les collectivités territoriales et de 20% dans les hôpitaux". Dans la fonction publique d’Etat, les fonctionnaires choisissent en majorité de travailler dans le commerce, l’hôtellerie et la restauration tandis que dans la fonction publique territoriale on choisit d’abord les travaux pour les particuliers ou les transports.

Ce boum s’explique surtout par le succès du statut d’auto-entrepreneur, qui permet à tout le monde de créer sa propre entreprise, y compris les salariés qui peuvent ainsi cumuler salaire et prestations, sans toutefois dépasser 80 000 euros par an pour une activité commerciale (et 32 000 pour les prestations de service ou une activité libérale). Mais ce statut n’explique pas tout, précise le journaliste des Echos : "Sur fond de tension sur le pouvoir d'achat (gel du point d'indice) et de fort chômage (qui peut toucher le conjoint), «les agents veulent arrondir leurs fins de mois sans perdre le statut protecteur de fonctionnaire», analyse un membre de la commission. (…) La majorité des demandes émanent des enseignants et, surtout, des agents de catégorie C (ces derniers ont les salaires les plus bas)."

Va-t-on vers une paupérisation des fonctionnaires ? Relativisons : depuis 2007, date à laquelle les fonctionnaires ont pu cumuler, les demandes ont concerné 5 000 agents, soit 1% des fonctionnaires. On est encore loin de l’économie parallèle des pays de l’Est observée après la chute du mur ou de la situation des salariés états-uniens qui cumulent trois, quatre, cinq postes pour boucler les fins de mois, mais tout de même. D’autant que ces statistiques sont incomplètes : "Pour les cumuls d'activité ne passant pas par une création d'entreprise (par exemple en étant salarié d'une entreprise de services ou d'une association), l'autorisation peut être donnée directement par la hiérarchie. «C'est ce qui se passe dans la plupart des cas», explique-t-on à la Direction générale de l'administration (DGAFP), mais aucune statistique n'est disponible, même si l'on s'accorde à dire que ce type de cumul progresse lui aussi."

En parlant du statut d’auto-entrepreneur, vu son succès, il trouvera probablement une place de choix dans le bilan du quinquennat. Pourtant, on ne se sait pas grand-chose de son impact réel sur l’économie du pays. Voilà encore un beau sujet d’enquête pour notre éconaute.

En attendant, on peut rire de cette cocasserie révélée par Le Canard enchaîné de cette semaine : parmi les métiers répertoriés pour le statut des auto-entrepreneurs, dans la catégorie "autres services personnels", on trouve "services des hôtesses (call-girl), services des prostituées". Le tout, ironise le Canard, "avec la bénédiction de l’Urssaf". D'où un titre bien senti : "L'auto-entreprise va droit aux putes".

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